Faut-il dîner avec les savants ? – sélection de livres

Une sélection relevée d’ouvrages curieux sur les banquets de savants, alors que vient de paraître le savoureux Faut-il prendre les Deipnosophistes au sérieux ? de Christian Jacob, labyrinthe de mets et de mots entre les lits des convives d’Athénée…

Dînerons-nous à nouveau ensemble ? Dans quelles conditions ? De qui conviendra-t-il alors de s’entourer ? Les codes sociaux sont bouleversés, et en attendant des jours meilleurs, nous dînons, en pensée, avec nos auteurs passés et présents, dont nous présentons aujourd’hui les ouvrages consacrés à l’art du banquet de savants…

• Christian Jacob, Faut-il prendre les Deipnosophistes au sérieux ? : la gourmandise bibliophile

Christian Jacob défend ici la thèse qu’Athénée met en scène dans les Deipnosophistes un cercle réel de grands lecteurs et d’érudits, engagés dans un jeu vertigineux. Jorge Luis Borges et Umberto Eco ne sont pas loin…

” Les Deipnosophistes sont l’un des plus étonnants textes de l’Antiquité gréco-romaine. […] Christian Jacob, dans la lignée de ses travaux sur la bibliothèque d’Alexandrie, offre dans ce petit volume pointu et malicieux les clés de lecture de ce festin littéraire, dont la mise en abyme est le plat principal. […] Un délice bibliophile.”
Le Monde des Livres

• Athénée, Les Deipnosophistes : la source où s’abreuver

Texte établi et traduit par A.-M.Desrousseaux avec le concours de C. Astruc. Tome I : Livres I et II. Bilingue grec-français, dans la Collection des Universités de France, série grecque.

Un formidable témoignage à la fois d’une forme littéraire et d’un mode de sociabilité particulièrement fécond dans l’Antiquité, le banquet. Ce « banquet des sophistes » est donné par P. Livius Larensis, riche lettré, et sans doute le protecteur d’Athénée. A la fin du repas, les convives abordent, tandis que les cratères se vident, des sujets aussi variés que l’amour, la philosophie, Homère, la meilleure façon d’accommoder tel mets ou le meilleur auteur de comédie.

• Yannick Scolan, Le Convive et le Savant : la thèse pour les solides appétits

Sophistes, rhéteurs, grammairiens et philosophes au banquet de Platon à Athénée

Pourquoi Platon, Xénophon, Plutarque, Lucien et Athénée ont-ils choisi de placer leurs savants personnages dans des banquets ? La table et le vin révèlent l’homme tel qu’il est, philosophe ou ignorant, non seulement dans ses paroles mais aussi dans ses actes : bon convive est le vrai savant.

• Platon, Le Banquet : l’invité surprise

Avec un entretien de George Steiner, “La nuit du banquet”, ouvrant l’édition poche bilingue grec-français.

Des voix s’élèvent de la nuit d’Athènes pour célébrer l’amour. Les invités du banquet d’Agathon — ce sont ses talents de tragédien que l’on fête — livrent tour à tour leur version d’Éros. Le vin lourd et épicé délie les langues. L’invention va atteindre des sommets d’extravagance avec le mythe d’Aristophane. L’intensité dramatique, modulée de main de maître, va crescendo. Enfin, Socrate prend la parole, mais plutôt que de pousser son avantage dialectique, il choisit de rapporter les propos que lui a tenus jadis la prêtresse de Mantinée. C’est unique dans l’œuvre de Platon, et disons-le rarissime dans l’histoire de la pensée occidentale : c’est à une femme que revient la tâche d’initier le philosophe au mystère de l’amour.

• Xénophon, Le Banquet : à table avec la jeunesse dorée débridée d’Athènes

Texte établi et traduit par François Ollier, en bilingue grec – français dans la Collection des Universités de France, série grecque.

Xénophon donne du banquet offert en l’honneur de Socrate une version nettement plus débridée que celle de Platon. Books

Le lecteur découvrira dans ces lignes un Socrate parfois joyeux, souvent bourru, en tous les cas profondément humain, et peut-être plus véridique que l’impeccable maître spirituel que Platon a voulu laisser dans nos mémoires…

• Plutarque, le Banquet des Sept sages, et les Propos de table : indispensables leçons de morales

En réunissant les Sept sages de la tradition platonicienne, dont Thalès de Milet ou Solon d’Athènes, autour d’un banquet, Plutarque permet de déployer leurs arguments sur la façon de gouverner le monde, et sa maison.

Le Banquet des Sept sages se trouve dans le Tome II des Œuvres morales, dans la Collection des Universités de France.

S’il faut parler philosophie entre buveurs. Lequel, de la poule ou de l’œuf a existé le premier ? Pourquoi l’on invite aux noces tant de personnes pour le repas. Pourquoi les gens complètement ivres ont l’air moins égarés que ceux que l’on dit « éméchés »… autant de questions cruciales ou frivoles qui sont évoquées dans ces célèbres Propos de table, réunis en trois parties, dans le Tome IX des Œuvres morales. Voir partie IVoir partie IIVoir partie III

• Maria Vamvouri Ruffy, Les Vertus thérapeutiques du banquet : médecine et idéologie dans les Propos de Table de Plutarque

Ce livre se penche sur une œuvre de la Seconde Sophistique qui ravive les discussions érudites tenues lors de banquets entre Plutarque et différents convives. Il propose d’y étudier la place et la fonction des théories médicales et d’explorer de façon systématique la relation, peu étudiée jusqu’à ce jour, qui unit les domaines de la médecine et du banquet…

Marsile Ficin, Commentaire sur le Banquet de Platon : la Renaissance en dessert

Texte établi et traduit par Pierre Laurens, en bilingue latin-français, dans la collection Classiques de l’Humanisme.

Le 7 novembre 1468, à l’initiative de Laurent de Médicis, neuf amis philosophes se réunissent dans la villa de Careggi près de Florence pour renouer avec la coutume des premiers disciples qui célébraient chaque année le double anniversaire de la naissance et de la mort de Platon. Marsile Ficin, qui est déjà l’âme respectée de ce petit cénacle, est du nombre, et ce dialogue est censé reproduire la conversation qui eut lieu alors: après le dîner, lecture est donc donnée du Banquet de Platon, dans lequel, on le sait, sept convives, dont Socrate, prononcent chacun un éloge de l’amour puis, sur le modèle du dialogue-source, nos nouveaux convives sont invités à commenter l’un après l’autre chacun des sept discours…

• André Pézard, Le Convivio de Dante, sa lettre et son esprit : plus tard dans la soirée…

Introduit et annoté par Jean-Louis Poirier.

Publié en 1940 et devenu introuvable, ce livre est un commentaire du Banquet de Dante, sous la forme de douze notes approfondies, regroupées thématiquement.
Le Convivio – Le Banquet – est sans doute l’ouvrage le plus direct dans lequel Dante expose la problématique philosophique générale qui l’anime. C’est ce qui fait l’intérêt exceptionnel du travail d’André Pézard, novateur encore aujourd’hui en ce sens qu’il contribue à la fois à l’établissement du texte, dont il affronte les difficultés, et à son interprétation philosophique, avec une rigueur et une liberté d’esprit sans précédent, mettant ainsi en évidence l’immense intérêt de cette oeuvre, même pour les lecteurs modernes.
En dépit de leur précision extrême, les notes sont étonnamment éclairantes : on se demande comment l’étude philologique la plus stricte peut faire surgir du texte les idées les plus lumineuses…


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