Les Pierres du Moyen Âge : aperçu

Anthologie des lapidaires médiévaux, de Valérie Gontero-Lauze

En librairie le 14 octobre, cartonné, richement illustré, 222 pages, introduction, notes, index, bibliographie, 21 €.

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« Pourquoi la bague de fiançailles est-elle traditionnellement ornée d’un diamant ? Le choix de cette pierre précieuse s’explique par les vertus qu’on lui prête.
Durant la période médiévale, le diamant était souvent confondu avec l’aimant dans les traités scientifiques. Par conséquent le diamant hérita du magnétisme de l’aimant et devint la pierre de l’attraction amoureuse, supposée entretenir l’amour dans le couple. En attendant d’être remplacée par l’alliance, la bague de fiançailles se porte à l’annulaire gauche, d’où partirait la vena amoris, veine de l’amour qui court jusqu’au cœur, siège des sentiments et de la passion amoureuse. Porter un anneau ou une bague à ce doigt signifie que son cœur est officiellement déjà pris, que l’on est marié ou sur le point de l’être. L’anneau et la pierre peuvent aussi servir à protéger cette précieuse veine – le diamant est en effet la pierre de l’invincibilité. De nos jours, ces traditions liées au mariage sont toujours vivaces, même si les croyances se sont perdues. La tradition encyclopédique médiévale perdure dans le substrat culturel de notre époque. » (page 7)

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« Dans un souci de fidélité à la pensée médiévale, cette anthologie ne s’organise pas selon l’ordre alphabétique – il était jugé, à l’époque, trop artificiel, car inventé par l’homme. Les lapidaires médiévaux sont traditionnellement régis par un ordre qui se veut naturel, conforme à la création divine. Cet ordre résulte d’un mélange de classement hiérarchique (les pierres les plus importantes sont au début), thématique (regroupement des pierres liées à l’eau, au feu ou d’origine animale) ou chromatique (regroupement des pierres noires, aux vertus négatives). Pourquoi avoir choisi vingt-quatre pierres ? C’est un clin d’œil au Livre de Sydrac, encyclopédie dialoguée du XIIIe  siècle. Selon le sage Sydrac, il y a autant de pierres précieuses que d’heures dans une journée. Les lapidaires médiévaux décrivent des centaines de pierres : il a fallu faire une sélection, forcément subjective. »(page 44)

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L’apprenti orfèvre, début du XVIe siècle, Vitrail de saint Éloi, Troyes, église de la Madeleine, page 136

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CI. Dracomdes est pierre trouvee ou chief du dragon es parties d’Orient, qui destruyt le venin et aneantitz les empoissonnez et garde celluy qui la porte de bestes venimeuses. L’eaue de son lavement vault si comme triacle contre venin, et se une apostume venimeuse est lavee d’icelle, tantost estainct toute malice et la malvaistié de ly en ceste maniere est sans nulz perilz. (Lapidaire de Jean de Mandeville – Physice)

CI. La dracontite est la pierre trouvée dans la tête du dragon dans des régions d’Orient, pierre qui détruit le venin, empêche les empoisonneurs de nuire, et protège celui qui la porte des bêtes venimeuses. L’eau dans laquelle elle est lavée est aussi efficace que la thériaque contre le venin. Et si un abcès venimeux est lavé avec cette eau, toute nocivité disparaîtra immédiatement et le poison ne présentera plus aucun danger. (pages 164-165)

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Cet ouvrage accessible à tous, traduit tous les auteurs cités et donne ses notes en fin de volume.

Quelques pierres savantes au catalogue des Belles Lettres :

(Pour public motivé)

Marbode de Rennes, Liber lapidum / lapidario, édition bilingue latin-espagnol

Pline l’Ancien, Livre XXXVII, Des pierres précieuses, édition bilingue latin-français

Isidore de Séville, Etymologias Libro XVI, De las piedras y de los metales, édition bilingue latin-espagnol

Nicolas Weill-Parot, Points aveugles de la nature. La rationalité scientifique médiévale face à l’occulte, l’attraction magnétique et l’horreur du vide (XIIIe-milieu du XVe siècle), coll. Histoire.

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