Devant les productions artistiques du monde indien, le spectateur occidental hésite bien souvent entre fascination et incompréhension. Dérouté par une iconographie qui lui échappe et un sentiment d’exubérance, il estime qu’il ne dispose pas des codes nécessaires pour l’apprécier. L’objectif de cet ouvrage est de donner des clés de lecture afin de faciliter l’appréhension globale de cette production iconographique et architecturale.

Quelle est la singularité de l’art indien ?
Extraits de l’introduction
En dépit de biais et de préconceptions inévitables, nous bénéficions aujourd’hui de près de deux cent cinquante ans de recherches « sérieuses » sur l’art du monde indien. Des enseignements de haut niveau existent, tant en Inde même qu’en Occident, et celui qui cherche à s’initier à l’art indien dispose d’innombrables études et de très nombreux manuels et ouvrages de synthèse.

Bien entendu, du fait des découvertes nouvelles, notamment dans le domaine de l’archéologie, mais aussi de l’évolution des conceptions, des approches et des méthodes d’analyse, il est indispensable de mettre régulièrement nos connaissances à jour. Cependant on peut dire que nous disposons aujourd’hui d’une vision d’ensemble solide.
C’est pourquoi notre propos ici n’est pas de proposer un manuel supplémentaire d’histoire de l’art, mais plutôt de donner des clés d’appréhension pour saisir les spécificités de l’art indien et son contexte (varié) de création. Comme toute synthèse, celle-ci va fatalement mettre l’accent sur les points communs plus que sur les divergences ou, plus exactement, les particularismes (locaux, chronologiques ou sociaux) : c’est un parti pris que nous assumons.

Au fil des exemples, nous ne manquerons naturellement pas de souligner des singularités et des « régionalismes », aussi sensibles dans le domaine artistique que dans le domaine linguistique ou culinaire, mais c’est bien à l’unité civilisationnelle du monde indien que nous nous attacherons. […]
Si cette étude porte sur l’art indien, nous entendons par là les arts plastiques et visuels : architecture, sculpture, peinture et, dans une moindre mesure, les arts décoratifs. Il ne sera donc question de la littérature ou des arts du spectacle que dans la mesure où des rapprochements pourront s’avérer éclairants pour notre propos.
Il n’est pas question de faire ici une histoire synthétique des arts du monde indien et indianisé. Si, au passage, nous ne manquerons pas de souligner les particularités stylistiques et régionales de telle ou telle œuvre – si tant est que la notion de « régionalisme » ait véritablement un sens dans l’immense cadre géographique que nous avons posé – c’est bien aux grandes lignes directrices qui guident l’ensemble de la création que nous nous attacherons afin de permettre à nos lecteurs d’en apprécier ce qui en fait la caractéristique et la singularité.

Le chapitre I adoptera une vision historiographique, en mettant en lumière l’élaboration progressive de la discipline qu’est l’histoire de l’art indien, en insistant particulièrement sur un certain nombre d’idées plus ou moins fondées qui l’ont structurée.
Le chapitre II viendra en contrepoint pour analyser comment la création artistique est perçue dans les sources indiennes et définir la notion de shilpa.
Enfin, le chapitre III, poursuivra la réflexion en s’attachant à caractériser les approches indiennes de l’esthétique.

La deuxième partie s’intéressera au contexte et aux conditions de la production artistique. Dans le chapitre IV, nous aborderons la question du contexte social, notamment en définissant le contour des acteurs de la création : les artistes, leurs commanditaires, mais aussi les spécialistes du rituel exerçant le contrôle religieux. Les deux chapitres suivants traiteront des interactions du monde indien avec le reste du monde. Le chapitre V évoquera ainsi la manière dont le monde indien a, tout au long de son histoire, absorbé et réinterprété des influences venues d’ailleurs, tandis que le chapitre VI parlera au contraire de la manière dont des formes typiquement indiennes à l’origine ont pu se diffuser loin de leur terre natale.
Enfin, la troisième partie proposera de caractériser, de manière volontairement synthétique, les grands traits de la production artistique, indépendamment des particularités stylistiques. Le chapitre VII tâchera de faire la part entre art religieux et art profane.
Le chapitre VIII présentera de quelle manière l’architecture s’attache à construire l’espace. Puis le chapitre IX viendra préciser la place singulière des images dans le monde indien.

Rencontrez Vincent Lefèvre

VINCENT LEFÈVRE PRÉSENTE “LE GÉNIE DE L’ART INDIEN” À LA LIBRAIRIE GUILLAUME BUDÉ
Mardi 18 avril 2023 à 19h00
Vincent présente son nouvel ouvrage, Le Génie de l’art indien, à la librairie Guillaume Budé, 95 boulevard Raspail, Paris 6e.
Entrée libre. Réservation : librairie@lesbelleslettres.com.
VINCENT LEFÈVRE PRÉSENTE LE GÉNIE DE L’ART INDIEN AU CHÂTEAU DES DUCS DE BRETAGNE
Samedi 22 avril 2023 à 14h30
Dans le cadre du dernier week-end de l’exposition “Inde, reflets de mondes sacrés” au Musée d’Histoire de Nantes, Vincent Lefèvre présente son ouvrage Le génie de l’art indien.
Informations sur le site du musée : https://www.chateaunantes.fr/evenements/lecture-conference-signatures/
Entrée libre dans la limite des places disponibles.

VINCENT LEFÈVRE, Le Génie de l’art indien
Livre broché – 15 x 21.5 cm – 372 pages
150 illustrations couleurs, 3 cartes, bibliographie, glossaire
Paru le 7 avril 2023
EAN13 : 9782251454177