L’Art tactique d’Arrien traduit et commenté par Pierre-Olivier Leroy : extrait

Deux textes majeurs de l’historien Arrien (actif sous Hadrien) sont traduits et réunis pour la première fois depuis 1758 !

>> Dans cet article nous vous présentons Arrien, les textes de ce volume, Pierre-Olivier Leroy qui a assuré la traduction du grec ancien, l’introduction et les commentaires de ce volume, et vous offrons un extrait de l’Art tactique consacré à la cavalerie romaine.

Cette édition, fidèle à la mission de sa collection La Roue à Livres, offre une introduction de 61 pages, la traduction seule accompagnée de notes en fin de volume, une large bibliographie et un index nominum.

Arrien de Nicomédie

Arrian7Arrien (en latin L. Flavius Arrianus Xenophon) est un historien romain de langue grecque du IIe siècle (v.85/90-v.175). Philosophe et disciple d’Épictète, fidèle d’Hadrien, il assume de hautes fonctions administratives et militaires au sein de l’empire romain. À la mort de l’empereur, il se retire à Athènes pour se consacrer à l’écriture de ses œuvres majeures. Si Arrien fut un auteur très prolifique, seuls quatre ou cinq textes nous sont parvenus en entier : l’Anabase (récit en sept livres de l’expédition d’Alexandre le Grand, l’Inde, le Cynégétique (traité de chasse), le Périple du Pont-Euxin et l’Art tactique. On ajoutera à la liste les notes de cours prises quand Arrien était élève d’Epictète, publiées en huit livres sous le titre des Entretiens (il n’y en a plus aujourd’hui que quatre) et sous une forme plus ramassée dans le Manuel.

L’Art tactique d’Arrien, qui n’avait pas fait l’objet d’une traduction française depuis 1758, est un manuel militaire composé de deux parties, la première étant destinée à enseigner au lecteur de quelles unités se composent les armées de l’âge hellénistique, et quelles manœuvres les phalanges ou les cavaliers sont susceptibles de devoir exécuter dans toutes les circonstances que peut offrir un combat. La seconde partie offre au lecteur une description saisissante des exercices pratiqués par la cavalerie romaine de son temps.

L’Histoire de la Succession d’Alexandre, quant à elle, était un vaste ensemble historique composé de dix livres, qui racontait avec abondance de détails les trois années qui suivirent la mort du Conquérant à Babylone en juin 323. Elle embrassait la première guerre des Diadoques et allait jusqu’aux événements de l’hiver 320/319. Cette oeuvre n’est plus aujourd’hui connue que par un résumé byzantin du IXe siècle (fait par le patriarche Photios), et trois passages non résumés nous sont livrés par
un témoin papyrologique et deux témoins médiévaux. C’est la première fois en France que ces témoignages sont réunis dans un même volume.

Pierre-Olivier Leroy

Pierre-Olivier Leroy est docteur de l’Université de Reims. Spécialiste de géographie antique, il a édité le livre XV de la Géographie de Strabon dans la Collection des Universités de France. Il prépare actuellement l’édition de l’Anabase d’Arrien.

Extrait de L’Art tactique

La cavalerie romaine

Les notes présentes en fin de volume ont été ici supprimées pour plus de lisibilité.

32, 3 Pour moi, je vais maintenant proposer un développement sur les exercices de cavalerie auxquels se livrent les cavaliers romains, car je me suis déjà proposé d’illustrer les exercices de l’infanterie dans l’ouvrage que j’ai rédigé pour l’empereur lui-même, et cela constituera la fin de mon développement sur la tactique.
33, 1 Du reste je n’ignore pas qu’il sera difficile d’expliquer chaque mot, car la plupart ne sont pas même des noms latins, mais certains sont ibériques ou celtes, quand ce sont des pratiques celtes que les Romains se sont appropriées, la cavalerie celte ayant à leurs yeux une forte réputation dans les batailles. 33, 2 En effet, entre autres choses, c’est pour cette raison aussi que les Romains sont dignes d’éloges : ils ne se sont pas contentés de leurs propres usages ancestraux mais ont retenu partout ce qui existait de bon et se le sont approprié. 33, 3 Ainsi l’on se rend compte qu’aux uns ils ont emprunté des armes (et aujourd’hui elles sont appelées romaines parce que les Romains s’en sont particulièrement bien servi), aux autres des exercices militaires, les chaises de leurs magistrats et l’habit bordé de pourpre. 33, 4 Empruntant aux autres peuples même des dieux, ils les honorent comme s’ils leur étaient propres. Du moins leurs rituels, dit-on, sont accomplis encore aujourd’hui, pour certains, suivant les usages des Achéens, et pour d’autres suivant les usages communs à tous les Grecs. Certains rituels sont même phrygiens. En effet ils honorent la Rhéa phrygienne qui vient de Pessinonte, et à Rome, à la manière phrygienne, on porte le deuil d’Attis, et Rhéa prend le bain rituel, suivant l’usage phrygien, par lequel cesse le deuil. 33, 5 Quant à leurs lois, qu’ils rédigèrent pour la première fois sur les Douze Tables, on se rend compte que la plupart sont empruntées aux Athéniens. 33, 6 Et cela serait un long travail de passer en revue la façon dont ils se sont approprié chacun de leurs usages et auprès de qui ils les ont pris. Pour moi, il est temps maintenant de parler des exercices de cavalerie.
34, 1 Pour se livrer à leurs exercices, ils choisissent non seulement un espace plat, mais en plus ils le travaillent de telle sorte qu’ils creusent en son milieu jusqu’à atteindre une profondeur partout égale, et broient les mottes de terre pour que la surface soit lisse et tendre, isolant ainsi de la plaine un espace situé devant la tribune en lui donnant la forme du rectangle équilatéral. 34, 2 Puis les cavaliers s’avancent en armes, portant des casques de fer ou de bronze incrustés d’or, ceux du moins qui se démarquent par leur prestige ou qui l’emportent dans l’art hippique, afin d’attirer, de cette manière aussi, les regards des spectateurs. 34, 3 Ces casques ne couvrent pas uniquement la tête et les joues, comme ceux que l’on utilise dans les combats, mais ils couvrent également de tout côté le visage du cavalier, avec des ouvertures pour les yeux, de telle sorte qu’ils ne font pas obstacle à la vue mais lui procurent tout de même une protection. 34, 4 Des crinières jaunes flottent à leurs casques, moins parce qu’elles sont utiles que parce qu’elles ajoutent à la beauté de la chose. Ces crinières, pendant les assauts des chevaux, s’il souffle une légère brise, offrent un très agréable spectacle en flottant sous l’effet de cette légère brise. 34, 5 Et ils portent des boucliers longs, pas ceux des combats, mais de plus légers, bariolés d’agréable manière, puisque les exercices qu’ils pratiquent ont pour objectifs rapidité et élégance. 34, 6 À la place de cuirasses, ils portent des tuniques cimmériennes, de taille égale et semblables aux cuirasses, de couleur écarlate ou bleue, ou bariolées. 34, 7 Ils portent aux jambes des pantalons, non pas lâches comme les Parthes ou les Arméniens, mais qui serrent bien les jambes. 34, 8 Leurs chevaux sont soigneusement équipés de chanfreins, mais n’ont aucun besoin de protections sur les flancs. Les javelots utilisés à l’exercice, en effet, dépourvus de fer, pourraient faire du mal aux yeux des chevaux, mais tombent sans dommage contre leurs flancs, en particulier parce que le harnachement en recouvre une bonne partie.

Pages 88-89.


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Arrien-insta

  • Arrien, L’Art tactique – Histoire de la succession d’Alexandre. Introduit, traduit et commenté par Pierre-Olivier Leroy,  Les Belles Lettres.
  • 208 pages. Traduction seule. Bibliographie, Index
  • Livre broché. 13.5 x 21 cm
  • La roue à livres N°81
  • Parution : 22/09/2017
  • EAN13 : 9782251447247
  • 21 € en librairie ou sur notre site internet
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