À l’occasion, ce lundi 9 mai 2016, du passage de Mercure devant le Soleil, découvrez un extrait de Histoire et pratique de l’astronomie ancienne, l’ouvrage de référence de James Evans paru aux Belles Lettres en mars 2016 dans la collection “L’Âne d’or“.
Traduit de l’anglais par Alain-Philippe Segonds. Traduction revue et mise à jour par James Evans, Michel-Pierre Lerner et Concetta Luna :
Observations : comment observer les planètes ?
Des cinq planètes observables à l’oeil nu, trois valent d’être observées de près : Vénus, Mars et Jupiter. Les deux restantes sont moins intéressantes : Mercure parce qu’elle est rarement visible, et Saturne parce que son mouvement est extrêmement lent.
La meilleure façon de commencer, c’est de trouver quelqu’un qui sait reconnaître les planètes et saura vous les montrer dans le ciel. Un grand nombre de magazines pour astronomes amateurs ont des rubriques mensuelles sur l’état des cieux, qui comprennent des cartes des positions des planètes parmi les constellations. Deux magazines de ce type sont l’Astronomie et Ciel & Espace.
Une fois que l’on sait reconnaître les planètes, on trouve qu’on peut les retrouver après de longues périodes de disparition. D’abord, on trouve toujours les planètes parmi les constellations zodiacales. Donc, si l’on voit une “étoile” dans le Taureau qui n’est pas sur la carte, ce doit être une planète. Deuxièmement : Vénus, Mars et Jupiter sont toutes brillantes, d’ordinaire plus brillantes que toutes les étoiles les entourant. (Mercure et Saturne sont un peu moins brillantes.) Troisièmement, les planètes ne scintillent pas comme le font les étoiles, mais brillent d’une lumière constante (Aristote, Analytiques postérieurs, I 13, 78a, 30-b 4). Enfin, les couleurs des planètes aident à les distinguer les unes des autres. Au dixième livre de la République, Platon décrit leur couleur dans les termes suivants : Saturne et Mercure sont jaunes, Vénus et Jupiter sont très blanches, tandis que Mars est légèrement rouge.
Pour observer le mouvement d’une planète au milieu du champ des étoiles, les observations doivent être de suffisamment bonne qualité et s’étendre sur une période de temps assez longue. Il est particulièrement important d’observer une planète au moment où elle inverse son cours, lorsqu’elle commence ou cesse sont mouvement rétrograde. Il faut donc faire une ou deux observations par semaine pendant une période d’environ deux mois. Il faut en outre une bonne carte du ciel, où reporter les positions telles qu’on les observe. Les observations doivent être faites avec soin, par la méthode des alignements. Il faut pour cela trouver une ligne entre deux étoiles fixes, sur laquelle la planète se trouve. Les distances relatives peuvent être estimées en comptant par largeur de poignet ou de doigt. Supposons – pour prendre un exemple – que vous voyiez Mars sur une ligne droite joignant deux étoiles déjà connues. En tenant votre main à bras tendu, vous trouvez que Mars est à deux doigts de l’étoile en haut et à quatre doigts de celle d’en bas (c’est-à-dire qu’elle est deux fois plus proche de la première). Cette information vous permettra de placer l’observation assez précisément sur la carte du ciel. Vous vérifierez le premier alignement au moyen d’autres alignements, à partir d’autres étoiles.
Après avoir marqué la position de la planète sur votre carte, assurez-vous que vous avez mentionné le nom de la planète et la date de l’observation. Dans la plupart des cas, une observation faite seulement une ou deux semaines plus tard montrera un déplacement dans la position de la planète.
Extrait de la page 342.