Francis Scott Fitzgerald, Le truc de rester debout toute la nuit

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Francis Scott Fitzgerald (1896 – 1940), Un livre à soi et autres écrits personnels, Préface et traduction de Pierre Guglielmina, coll. Le goût des idées, 2011, 328 pages, 13,70 €

Qu’est-ce qu’un « livre à soi » ? par Pierre Guglielmina

C’est avant tout une plaisanterie de Francis Scott Fitzgerald. Au commencement était l’humour, l’insolence. Précipitez-vous sur ce petit texte paru en août 1937 ! C’est une clé, un sésame. Face à l’éternelle crise de l’édition, Fitzgerald n’attend rien moins qu’un miracle pour sauver les tirages, les mises en place, les ventes, les marges, les droits d’auteur, les droits dérivés, les adaptations, les fusions, les acquisitions, la lecture même. Et ce miracle, c’est lui puisqu’il se présente comme l’inventeur méritant d’un volume de poche qui contiendrait la bibliothèque entière ou presque. Et ce volume, annonce-t-il, « pourrait être relié de manière à ressembler à une petite radio ». Mais, devant cette perspective grandiose, il est pris de vertige et renonce : « […] Je deviens trop visionnaire. Il est temps qu’un type qui a le sens pratique prenne le relais. » Les types qui ont le sens pratique ont pris leur temps et le relais. Sainte Kindelle, saint Hibouc, saint eyePatch, priez pour nous.

Qu’est-ce qu’un « livre à soi » ?
C’est un livre qui annule les autres livres pour les reprendre du dedans, en quelque sorte, sous une forme codée, cryptée, abrégée. En mai 1934, Fitzgerald s’ouvre de son projet subtil à son éditeur, Maxwell Perkins : « Comme vous le savez, je n’ai jamais rien publié de personnel sous forme de livre parce que j’ai toujours eu besoin de tout le matériel possible pour mes oeuvres de fiction. Toutefois, un certain nombre d’articles et de textes divers ont attiré l’attention d’un vaste public et pourraient le faire de nouveau si nous pouvions trouver, entre le titre et les textes, le lien qui puisse nouer l’humour à un soupçon de sagesse. » Fitzgerald a le flanc d’annoncer à son éditeur de quinze ans qu’il n’a encore jamais rien publié de lui qui soit vraiment personnel sous forme de livre. C’est ce qu’on appelle nouer l’humour à la sagesse ! […] (Pages VII-VIII)

Le truc de rester debout toute la nuit* (Pages 189-190)

Le bon feu.
Les fauteuils confortables.
Les compagnons joyeux.
Les douze coups de minuit.
La proposition folle.
Les bons copains.
Le type qui n’a pas dormi depuis des semaines.
Les gens qui ne l’ont encore jamais fait.
Les longues anecdotes.
La plus jolie fille bâille.
La moquerie forcée.
Le coup d’une heure.
La plus jolie fille va se coucher.
Les deux coups de deux heures.
Le garde-manger vide.
Le manque de bûches.
La seconde plus jolie fille va se coucher.
Ceux qui ont les yeux battus n’y vont pas.
Les quatre coups de quatre heures.
L’assoupissement.
L’amateur qui devient l’« âme de la fête ».
La crainte du cambriolage.
Le chat méprisant.
Le truc d’essayer d’impressionner le laitier.
Le mépris du laitier.
L’impression de démence.
Le soleil glacé.
Les six coups de six heures.
La marche dans le jardin.
L’éternuement.
Les lève-tôt.
La volée de traits contre toi.
La faible réplique.
Le petit-déjeuner sans goût.
La journée misérable.
Huit heures du soir – dans les draps.
* Paru dans le Princeton Tiger, le 10 novembre 1917.

Revue de presse

Lire un autre extrait : Succès précoce – PDF


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