À la recherche de la culture antique perdue : les aventuriers humanistes

« Le génie créatif d’un peuple ne s’exprime jamais par la soumission à une autorité mais par le libre choix des individus. »

Dans un ouvrage sans égal à ce jour, richement illustré de reproductions en couleurs, Jean-Christophe Saladin, suivant l’intuition de Jules Michelet, nous raconte avec brio l’histoire de ces poètes, scientifiques, théologiens ou philosophes, médecins, politiques, utopistes et artistes de la Renaissance qui changèrent le regard de leur monde sur l’Antiquité, et partirent en reconquête de liberté politique en dépit des dangers.

Pourquoi un nouvel ouvrage sur la Renaissance ?

Pour deux raisons. D’abord parce que, si les études abondent sur des domaines
particuliers de la Renaissance (notamment les beaux-arts), très rares sont celles qui traitent
du phénomène dans son ensemble, prenant en compte des activités aussi éloignées entre
elles que le droit, la peinture, la médecine ou l’astronomie. [… Ensuite] cet ouvrage est le fruit d’une enquête dans l’infinie variété des sources d’époque, menée à l’écart des querelles de clochers universitaires historiographiques ou idéologiques.

Quelle en était l’intuition initiale ?

La Renaissance fut un épisode central de la guerre qui oppose depuis près de deux millénaires l’Église chrétienne à la culture païenne antique. Cette lutte, à l’issue longtemps incertaine, fut l’un des fondements de la construction symbolique de l’Occident médiéval et moderne. La vie culturelle et religieuse des sociétés européennes en a été lourdement grevée jusqu’à nos jours. Il suffit pour s’en convaincre d’observer combien le débat sur les « racines culturelles » de l’Europe provoque de passions.

Quand le terme « Renaissance » est-il apparu ?

Sa paternité, dans le sens de période historique globale, revient à Jules Michelet,
dans ses cours au Collège de France des années 1840-1841. La date est importante, car
en 1833, dans son Précis de l’histoire de France, il ne parle pas encore de « Renaissance », mais seulement de « Progrès de la civilisation au seizième siècle », titre qu’il donne à
son chapitre XVII. (…)

À propos du terme « humanisme » …

Rappelons (…) que l’usage du mot humanisme s’est dévoyé jusqu’à couvrir les
pires crimes des dictatures du XXe siècle. Dans Humanisme et terreur, en 1945, Merleau-Ponty fait de Staline une sorte de parangon de l’humanisme, au prétexte que la cause défendue par le communisme est la justice sociale de l’avenir. Sartre lui emboîte le pas. (…)

Les maîtres à penser de l’existentialisme se sentaient en effet nettement plus proches de Machiavel que d’Érasme. J’utiliserai donc le mot humanisme uniquement dans son sens de l’époque: un humaniste (umanistà) est un spécialiste de la littérature antique latine, et grecque si possible.

Que signifie enfin le signe ❧ que l’on rencontre au coin de chaque page?

Ce sont des « feuilles aldines » empruntées au non moins illustre imprimeur vénitien Aldo Manuzio (Alde Manuce pour les Français), qui imprima les premiers Adages d’Érasme. Craignant que les développements trop techniques n’ennuient le lecteur, je les ai truffés de digressions variées, encadrées par ces ❧. Elles signalent généralement des exemples, mais parfois de courtes fiches biographiques, des citations ou des explications de termes techniques.
Quant aux jolies lettrines qui débutent chaque chapitre, nos lecteurs y reconnaîtront celles que Jean Calcar a dessinées pour la Fabrique du corps humain de Vésale.

Extraits du Prologue : le tombeau de Michelet, où Jean-Christophe Saladin imagine une scène dialoguée entre la muse de l’historien Clio et l’auteur.

❧ Au sommaire

Première partie : LA COMÉDIE DE CE MONDE • 1. Acteurs, costumes et décors • 2. L’avant-scène italienne • 3. L’engouement sur les scènes européennes • 4. Les « Grandes Découvertes »

Deuxième partie : ARTS • 5. Peintres • 6. Sculpteurs • 7. Architectes • 8. Artistes de l’éphémère : fêtes, théâtre, musique et danse

Troisième partie : LETTRES • 9. Poètes • 10. Prosateurs • 11. Satiristes

Quatrième partie. SCIENCES ET TECHNIQUES • 12. Imprimeurs • 13. Médecins • 14. Astronomes

Cinquième partie : PHILOSOPHIE ET RELIGION • 15. Philosophes • 16. Théologiens et Bible • 17. Réformés • 18. Contre-Réforme

Sixième partie : POLITIQUE • 19. Cité et utopie • 20. Les deux visages du prince • 21. Juristes et tyrans • 22. Face au Nouveau Monde

Épilogue. Voltaire, Conversation de Lucien, d’Érasme et de Rabelais dans les Champs-Élysées

Rideau • Références signalées par les astérisques au fil du texte • Observations bibliographiques • Index • Crédits iconographiques

❧ Feuilletages

Faites défiler les diaporamas et cliquez sur les images pour les agrandir. S’apprécie mieux sur grand écran !

Médecins

Imprimeurs

Architectes

❧ Se procurer l’ouvrage

Jean-Christophe Saladin,

Les aventuriers de la mémoire perdue. Léonard, Érasme, Michelet et les autres

16.3 x 24.5 cm, couverture à rabats comprenant une frise chronologique, 632 pages, 174 illustrations couleurs, bibliographie, index, 29,50 €

En librairie le 20 novembre 2020
EAN13 : 9782251451442

❧ Voir également

La collection dirigée par Jean-Christophe Saladin

Philosophie, politique, rhétorique, médecine, ou encore linguistique, cette collection propose au lecteur des textes fondateurs de l’humanisme, injustement tombés dans l’oubli, ainsi que des biographies et des essais éclairant différents aspects de ce mouvement culturel sans précédent dans l’histoire occidentale.

L’emblème de la collection, les besicles ornant l’Augenspiegel de Jean Reuchlin, rappelle que de nombreux humanistes, outre leur goût pour l’érudition et l’élégance du style, s’engagèrent, non sans risques, dans les combats d’idées de leur siècle.

Les textes sont proposés en édition bilingue latin-français ou en traduction seule.

Venus des quatre coins de l’Europe, les Humanistes ont initié les valeurs qui sont aujourd’hui les nôtres. Fidèle à la tradition des Belles Lettres de partager avec le plus grand nombre la culture humaniste, cette bibliothèque idéale raconte l’histoire de ce grand mouvement intellectuel né dans l’Italie du XIVe siècle avec des textes aussi fameux que le Discours de la dignité de l’homme de Pic de la Mirandole, l’Éloge de la folie d’Érasme ou le truculent Gargantua de Rabelais, agrémentés de quelques perles aussi rares qu’inattendues, telles que les Facéties obscènes en latin élégant du Pogge ou encore L’Art d’élever des poules en période de guerre civile de Le Choyselat.

Jean-Christophe Saladin, directeur de la collection Le Miroir des humanistes invite le lecteur à parcourir cette bibliothèque idéale avec pour guides Boccace le conteur merveilleux, Mélanchthon le précepteur de l’Allemagne, Bembo l’élégant naturaliste ou l’Arétin le paillard converti.

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