La philosophie d’Ayn Rand, avocate de l’égoïsme

Comment armer philosophiquement ses lecteurs contre l’emprise du mysticisme et du collectivisme, afin de s’accomplir individuellement ? Un choix de textes incisifs d’Ayn Rand, pour la plupart inédits, permet de saisir l’essence de la pensée controversée de cette romancière culte.

Ayn Rand

Je ne suis pas primordialement une avocate du capitalisme, mais de l’égoïsme, et pas primordialement une avocate de l’égoïsme, mais de la raison. Si on reconnaît la suprématie de la raison et l’applique avec cohérence, tout le reste suit.

Arrivée aux États-Unis en 1926 après avoir fui l’Union soviétique, Ayn Rand (1905-1982) a été l’une des grandes figures de la vie publique américaine. D’abord scénariste à Hollywood puis auteure de pièces de théâtre, elle publie deux immenses best-sellers, The Fountainhead ( La Source Vive ) en 1943 et Atlas Shrugged ( La Grève) en 1957. Elle crée un mouvement intellectuel qui enthousiasme les campus universitaires, et pose les bases de la pensée libertarienne dans de multiples textes théoriques. Cette farouche anti-collectiviste doit sa notoriété et son influence à l’écho rencontré par l’optimiste « philosophie pour vivre sur la terre » qui irrigue ses récits de fiction : l’ « objectivisme ». Lequel se caractérise par une iconoclaste réhabilitation morale du capitalisme, fondée sur la promotion de l’«égoïsme rationnel» en vertu et l’exaltation de la souveraineté de l’individu créateur.

Si la renommée de son œuvre et de sa pensée s’est depuis longtemps diffusée au-delà des frontières américaines, Ayn Rand demeure singulièrement méconnue en France. Ayn Rand ou la passion de l’égoïsme rationnel, une biographie intellectuelle d’Alain Laurent publiée en 2011 aux Belles Lettres fait découvrir sa personnalité aussi fascinante que controversée, et soumet sa «philosophie» à un réexamen où la sympathie n’étouffe pas les droits de l’esprit critique.

Après La Grève, son roman culte, livre de chevet de nombreuses personnalités politiques et des affaires, et La Vertu d’égoïsme, Une philosophie pour vivre sur la Terre est le troisième ouvrage d’Ayn Rand traduit aux Belles Lettres.


Pour un combat intellectuel éclairé

Dirigée par Alain Laurent, La Bibliothèque classique de la Liberté se propose de publier des textes qui, jusqu’à l’orée de la seconde moitié du XXe siècle, ont fait date dans l’histoire de la philosophie politique en apportant une contribution essentielle à la promotion et l’approfondissement de la liberté individuelle – mais ne sont plus disponibles en librairie ou sont demeurés ignorés du public français. Collection de référence et de combat intellectuels visant entre autres choses à rappeler la réalité et la richesse d’une tradition libérale française, elle accueille aussi des rééditions ou des traductions inédites d’ouvrages d’inspiration conservatrice « éclairée », anarchisante, libertarienne ou issus d’une gauche ouverte aux droits de l’individu. Chaque volume de la collection est précédé d’une préface présentant le texte et son auteur, et s’achève sur une chronologie bio-bibliographique de l’auteur et un index sélectif. Voir les 31 titres publiés à ce jour.


Une philosophie pour vivre sur la Terre

Présentée par Alain Laurent, traduite par Michel Lemosse, Marc Meunier et Alain Laurent, la sélection figurant dans ce recueil provient des éditions américaines suivantes :

For the New Intellectuals (1961) : Presentation
The Virtue of Selfishness (1964) : The Objectivist Ethics (1961)
The Virtue of Selfishness (1964) and Capitalism, the Unknown Ideal (1967) : Man’s Rights (1963)
The Romantic Manifesto (1971) : The Goal of all my Writings (1963)
The Romantic Manifesto (1971) : Philosophy and Sense of Life (1966)
Introduction to Objectivist Epistemology (1979) : The Objectivist Epistemology (1966-1967)
Philosophy : Who Needs it (1982) : The Metaphysical versus the Man Made (1973)
Philosophy : Who Needs it (1982) : Selfishness without a Self (1974)
Philosophy : Who Needs it (1982) : Philosophy : Who Needs it (1974)

Extraits

Découvrez de larges extraits, sur notre page dédiée.


Se procurer l’ouvrage

Ayn Rand, Une philosophie pour vivre sur la Terre

Présenté par Alain Laurent. Traduit par Michel Lemosse, Marc Meunier et Alain Laurent

Collection Bibliothèque classique de la liberté, n° 31.

Livre broché, 14 x 21 cm, 250 pages.

Paru le 21 février 2020, EAN13 : 9782251450681, 21 €.


Également en librairie

Alain Laurent publie également ce mois-ci son nouvel essai, RESPONSABILITÉ. Réactiver la responsabilité individuelle.

Si à présent tout le monde et en tous domaines en appelle à « la responsabilité », c’est en demeurant dans un flou artistique, et sans que cela se traduise dans la réalité sociale puisque prévaut toujours plus une irresponsabilité massive.
En contre-feu aux processus de déresponsabilisation institutionnelle et idéologique (culture de l’excuse, maternage infantilisant, vulgate déterministe des neurosciences et du sociologisme, bientôt emprise de l’Intelligence artificielle) qui sapent en son amont et son aval le ressort personnel du choix responsable, cet ouvrage entend promouvoir une robuste philosophie de la responsabilité individuelle (d’Aristote et Kant à Karl Popper et Jankélévitch) sans la logique et l’éthique de laquelle le principe de responsabilité est moralement et intellectuellement privé de son sens authentique et de toute efficience.
Contre le réductionnisme scientiste et « naturaliste » qui prive la responsabilité d’assise substantielle, cette réflexion réaffirme aussi la validité de l’autonomie du sujet et de son libre arbitre ressourcé dans les travaux d’une nouvelle génération de philosophes américains et désormais français ainsi que de neuroscientifiques dépourvus d’à priori déterministes.
Tout en faisant litière des lieux communs voulant que la responsabilité soit le « revers de la liberté » et en soutenant que souvent nous sommes responsables de notre irresponsabilité ou que trop de responsabilités tue la responsabilité, l’auteur plaide pour une responsabilisation personnelle moins culpabilisante qu’attractive et « proactive », récompensant des individus fiers de répondre d’eux-mêmes et d’ainsi inspirer confiance aux autres – et pilier régulateur du lien social d’une véritable société ouverte.



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