Entretien avec Nicolas Filicic, traducteur du Monachisme médiéval de C.H. Lawrence

Nicolas Filicic, né en 1984, s’occupe des relations internationales et du développement pour Les Belles Lettres et les éditions Klincksieck. Il est également traducteur (et polyglotte). Après quelques années d’activité dans le secteur du génie civil et de l’architecture, un tropisme oriental lui fit intégrer les maisons d’éditions Geuthner et L’Asiathèque, avant de rejoindre Les Belles Lettres.

Il vient de traduire de l’anglais Le Monachisme médiéval, une passionnante synthèse de C.H. Lawrence constituant, dans le monde anglo-saxon, un ouvrage de référence sur la naissance du monachisme en Occident et son développement au Moyen-Âge. Initialement publié en anglais par Longman Group Ltd en 1984, une quatrième édition révisée, toujours en anglais, fut reprise chez Routledge en 2015. C’est cette édition qui est aujourd’hui traduite pour la première fois en français.

Il accepte d’ouvrir une série d’entretiens qui vous seront proposés tout au long de l’année 2018, donnés par divers intervenants sur nos publications, et nous l’en remercions !

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► Nicolas Filicic, pourrions-nous commencer par évoquer l’auteur, C.H. Lawrence, et la place de cet ouvrage particulier dans son œuvre ?

Nicolas Filicic : C.H. Lawrence est né en 1921. Il a enseigné l’histoire médiévale à l’Université de Londres. Au cours de sa carrière, il s’est intéressé à plusieurs figures importantes de la vie religieuse au Moyen Âge, en se concentrant tout particulièrement sur l’Angleterre du XIIIe siècle. Il a ainsi écrit différents ouvrages et articles à propos du moine cistercien Étienne de Lexington, de l’archevêque de Canterbury Edmond d’Abingdon, ou encore du frère franciscain Adam Marsh dont il a édité les lettres. Fort de son excellente connaissance des sources (écrits des théologiens, hagiographies, coutumiers des maisons religieuses, canons des conciles, cartulaires et, bien sûr, Règles monastiques), mais aussi du contexte historique, social, économique et politique de la période, C.H. Lawrence a entrepris de rédiger cette synthèse, cette « grande fresque » présentant les formes de vie religieuse au Moyen Âge et leur évolution.

Faisons immédiatement une remarque sur le titre de l’ouvrage : Le Monachisme médiéval. Formes de vie religieuse en Europe occidentale au Moyen Âge. Comme le sous-titre l’indique, le livre ne traite pas uniquement des moines et des moniales mais aussi de nombreuses autres formes de vie religieuse qui ne relèvent pas du monachisme à proprement parler, ainsi les chanoines réguliers ou séculiers, les frères mendiants, les béguines, les frères de la Vie commune. L’auteur s’en explique dans la préface : « Tous ces mouvements sont nés de la tradition monastique et seraient incompréhensibles sans y faire référence. » (p. 7)

Pour qui ne serait pas familier de ces mouvements, notons que le livre dispose d’un glossaire qui expose le vocabulaire propre à chaque ordre et permet également de faire le point sur un certain nombre de termes, parfois sources de confusions, ressortissant à la liturgie, à l’organisation ecclésiastique, à l’architecture religieuse ou encore à la société féodale.

Dans sa préface, l’auteur nous livre une petite anecdote. Il explique que son intérêt pour le monachisme et son envie d’écrire ce livre furent le fruit d’une rencontre avec des moines bénédictins :

« L’un des événements qui m’a poussé à écrire ce livre remonte à l’immédiat après-guerre, alors que, profitant de vacances universitaires pour visiter la France, je suis arrivé à l’abbaye de Fleury à Saint-Benoît-sur-Loire. Le père Wulfram, responsable de l’hôtellerie, me reçut avec une grande amabilité et m’attribua une cellule donnant sur la nef de l’église. L’étrangeté de cette rencontre et la chaleur de l’hospitalité que m’offrit la communauté dans les jours qui suivirent – allant jusqu’à me proposer une place parmi les moines pour chanter l’office de nuit dans ce superbe chœur roman – sont des souvenirs qui n’ont cessé de m’accompagner alors que j’étudiais l’histoire monastique. » (p. 7-8)

Il se trouve que c’est aussi une rencontre avec des moines bénédictins, qui a suscité mon intérêt pour le monachisme et m’a donné envie de traduire ce livre. Il y a maintenant six ans, j’ai fait la connaissance du Fr. Lucien-Jean Bord, bibliothécaire de l’abbaye Saint-Martin de Ligugé, en travaillant notamment sur la publication d’un ouvrage qu’il avait écrit sur Melchisédek. Ce fut le début d’une amitié dont je profite de cet entretien pour le remercier.

► À propos de Melchisédek, restons en Orient, d’où justement tout semble partir pour le monachisme. En Égypte à la fin du IIIe siècle, l’appel du désert et de l’ascétisme entraîne une sorte de répartition des premiers moines entre l’érémitisme (le moine solitaire) et le cénobitisme (la vie religieuse en communauté). Le duel entre l’individu et la communauté traverse l’ouvrage de C.H. Lawrence jusqu’à l’épilogue : pouvez-vous esquisser un parcours rapide dans ces formes de vie religieuse au Moyen-Âge ?

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Source : Vita Sancti Cuthbert, Wikipédia

N.F. –  Comme le rappelle l’auteur au début de l’ouvrage, le mot « moine » vient de l’adjectif grec « monos », seul. Les moines sont étymologiquement ceux qui vivent dans la solitude. Mais l’organisation cénobitique, c’est-à-dire la vie des moines en communauté, est attestée en Égypte dès le début du IVe siècle, dans la Thébaïde de saint Pacôme. La figure de l’ermite solitaire et celle du religieux vivant en communauté coexistent pour ainsi dire dès la naissance du monachisme chrétien. Le passage d’une figure à l’autre s’explique par de multiples facteurs mais le livre de C.H. Lawrence permet de constater l’existence d’un certain nombre de schémas récurrents dans les conditions d’apparition d’une nouvelle communauté religieuse. Il n’est pas rare qu’un homme pieux (plus rarement une femme, à l’époque qui nous intéresse) décide de quitter le siècle, ou la communauté dans laquelle il vit, à la recherche d’une existence plus solitaire, au service de Dieu. Mais, bientôt rejoint par de fervents disciples, il est dans l’obligation d’organiser une forme de vie commune autour de lui. Ce fut le cas de Saint Pacôme à Tabennèse, mais c’est aussi comme cela que huit siècles plus tard fut fondée la célèbre abbaye de Fontevraud près de Saumur :

« Robert d’Arbrissel, breton de naissance, enseigna dans les écoles et fut placé à la tête d’un archidiaconé avant d’abandonner sa carrière cléricale pour se retirer dans un ermitage. Il fut l’annonciateur d’un nouveau courant qui atteignit son apogée avec les ordres mendiants du début du XIIIe siècle. Pour lui, la vie apostolique signifiait le dénuement absolu de l’ermite associé à la vie d’évangéliste itinérant, pour appeler le peuple à la pénitence. Charismatique dans ses prêches, il insinuait un étrange ferment dans l’oreille de ses auditeurs. Ses appels à la repentance et au renoncement furent accueillis avec enthousiasme par une foule de disciples des deux sexes, provenant du clergé comme du laïcat, qui le rejoignirent dans la forêt pour s’efforcer de vivre, comme l’expliquait l’hagiographe de Robert, « sous la règle et conformément aux traditions de l’Église primitive ». Peu de temps avant l’an 1100, il fonda l’abbaye de Fontevraud, près de Saumur, pour l’un de ces groupes de disciples. » (p. 188-189)

À leur tour, ces communautés pouvaient donner la possibilité à certains de leurs membres de mener une vie solitaire, pour des retraites limitées dans le temps ou, au contraire, dans la durée. C’est par exemple le cas des monastères du monachisme irlandais primitif :

« Il s’agissait de monastères cénobitiques qui prévoyaient toutefois la possibilité d’une vie érémitique en marge de la communauté. La culture irlandaise de l’époque fit bon accueil aux enseignements de Cassien sur la supériorité de la vie contemplative de l’ermite et le monachisme celtique connut une grande tradition anachorétique. Non seulement les moines, mais aussi les abbés et les évêques celtes se retiraient régulièrement pour des périodes de vie solitaire. La Vie de saint Colomban par Jonas de Bobbio le décrit quittant de temps en temps ses moines de Luxeuil pour aller vivre seul dans une grotte. Pendant l’un de ses séjours érémitiques, il lui fut révélé que plusieurs de ses moines étaient tombés malades, et il rentra alors en urgence au monastère pour veiller sur eux. » (p. 57)

Toutefois, saint Benoît dans sa Règle prévient que la vie d’anachorète est réservée aux moines les plus expérimentés, à ceux que la vie en communauté a déjà confortés dans leur foi et qui sont prêts à dompter les démons de la solitude.

L’autre grande opposition qui me semble structurer l’histoire du monachisme et ses évolutions met dos à dos le retrait du monde extérieur et l’implication dans les affaires du monde. La Règle de saint Benoît indique que la journée du moine doit être consacrée à la prière (l’« Œuvre de Dieu »), au travail manuel et à la lectio divina, la lecture sacrée. Autrement dit, rien qui ne le mette en contact avec le monde extérieur au monastère. Mais bien vite des questions se sont posées : un moine peut-il être ordonné, se livrer à la prédication et délivrer les sacrements ? Un moine peut-il enseigner à des laïcs, comme il enseignerait aux oblats de son monastère ? Un moine peut-il vendre au monde extérieur les produits de son travail au monastère ? Ces question occupèrent une place de plus en plus importante au gré de l’agrandissement des monastères, de l’augmentation du nombre de moines qu’ils accueillaient, de la multiplication de leurs propriétés. Il fallut gérer ces terres, s’entendre avec le pouvoir temporel en place, définir sa position par rapport au clergé et à l’Église, accueillir les pèlerins et les visiteurs. Autant d’occupations qui éloignaient les moines de leurs devoirs liturgiques et les mettaient en contact avec le monde extérieur. Au cours des siècles, de nombreuses réformes ont tenté d’endiguer ce phénomène, ainsi les décrets d’Aix-la-Chapelle en 817 :

« L’un des objectifs majeurs des décrets d’Aix avait été d’instaurer des règles plus strictes quant à la clôture. Saint Benoît avait mis en garde contre les dangers qui assiégeaient l’âme des moines lorsque les affaires les attiraient hors des murs de l’abbaye. Frère Ratpert, l’historien de Saint-Gall, était à ce titre un moine idéal : il mettait rarement un pied hors du cloître et craignait l’extérieur autant que la mort ; “si bien qu’il n’utilisait pas plus de deux paires de chaussures par an”. L’autre versant du problème consistait à empêcher le monde extérieur de s’infiltrer dans le monastère. Cet objectif en tête, l’assemblée d’Aix décréta qu’il ne devrait pas y avoir d’autre école dans les abbayes que celle réservée aux jeunes oblats. Les clercs séculiers et les laïcs n’y seraient pas admis. Cette interdiction visait à préserver la paix et la ségrégation de la clôture monastique. Cela n’empêchait pas les monastères d’être propriétaires et directeurs d’autres écoles hors de leurs murs. Nous savons par Ekkehard qu’au IXe siècle Saint-Gall disposait à la fois d’une école claustrale et d’une école externe, et que les moines enseignaient dans les deux. Mais les esprits les plus austères étaient opposés à cette sorte d’arrangements ; il était plus sûr de confier la direction des écoles externes à des maîtres séculiers désignés par les moines. » (p.98)

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Source : Vita Sancti Cuthberti, Wikipédia

Schématisons à l’extrême, nous sommes en présence de deux types de cycles qui ont été souvent à l’œuvre dans les évolutions du monachisme : « vie en communauté – choix de l’érémitisme – arrivée des disciples – vie en communauté » et « éloignement du monde dans une petite communauté – croissance de la communauté – plus grande implication dans les affaires séculières – opulence et, parfois, laxisme – réforme – éloignement du monde ».

Parlons à présent du style et de l’érudition de C.H. Lawrence permettant de créer un monde rapidement familier à un lecteur néophyte : comment en arrive-t-on à captiver son lectorat avec un sujet aux abords si arides ?

N.F. –  Il est un peu tôt pour dire si C.H. Lawrence captivera les lecteurs français mais il réalise effectivement un tour de force. Raconter la naissance du monachisme et ses évolutions pendant douze siècles, en englobant plus ou moins l’Europe du Nord au Sud, dans un ouvrage si court et plaisant, est exceptionnel et inédit. La chose est encore plus remarquable lorsque l’on réalise le nombre de personnes, de lieux et de sources primaires convoqués dans l’ouvrage. Le Monachisme médiéval est une grande fresque présentant l’histoire des formes de vie religieuse mais aussi un voyage dans les principales sources de l’histoire et de la théologie médiévales.

Prenons dans le livre un extrait un peu plus long, montrant comment l’auteur construit ce voyage dans les textes. Il s’agit ici de la restitution du conflit qui opposa les cisterciens aux clunisiens, étudié dans les lettres (dont la traduction française est souvent inédite) échangées entre Bernard de Clairvaux et Pierre le Vénérable dans les années 1120 :

« Une défection fut à l’origine de la célèbre controverse entre cisterciens et clunisiens. L’ouverture des hostilités prit la forme d’un échange épistolaire entre Bernard de Clairvaux et Pierre le Vénérable mais d’autres personnes intervinrent dans ce débat qui agita tout le XIIe siècle. En substance, on assistait à une confrontation entre les idéaux du nouveau monachisme et les traditions inflexibles de l’ancien. Le fugitif qui mit le feu aux poudres fut Robert de Châtillon, un jeune cousin de Bernard. Recruté à Clairvaux, mais supportant mal le régime austère des cisterciens, il profita d’une absence de Bernard pour partir à Cluny où il fut admis. Vers 1120, Bernard lui écrivit une lettre dans laquelle il lui enjoignait avec véhémence de regagner Clairvaux, dressant au passage un violent réquisitoire contre les pratiques clunisiennes. Comme beaucoup d’autres lettres de ce type, écrites à la même période, les mots de Bernard visaient un lectorat plus large que son destinataire premier. Il s’agissait d’un pamphlet polémique qui faisait l’apologie des réformateurs au détriment de Cluny, critiquée dans les termes les plus virulents. Bernard y laissait entendre que le naïf jeune homme s’était laissé duper :

“Le prédicateur d’un nouvel Évangile tente de le charmer ; condamnant la frugalité, il lui recommande de gourmands festins ; il taxe la pauvreté de misère ; qualifie de folies le jeûne, la veille, le silence et le travail manuel. Ainsi conduit vers Cluny, coiffé, rasé et lavé, on lui ôte ses haillons de paysans pour l’habiller de précieux vêtements et il est reçu dans la communauté avec combien d’honneurs et de pompe. Ô bon Jésus, combien d’efforts sont déployés pour conduire une jeune âme à sa perte !”

La chronologie du débat qui s’ensuivit n’est pas parfaitement connue. Le principal manifeste du côté cistercien fut l’Apologie à l’abbé Guillaume de saint Bernard, attestée en 1125. Composée à l’instigation de Guillaume de Saint-Thierry – abbé sympathisant qui rejoignit un peu plus tard le camp cistercien –, son objectif apparent était de réfuter les accusations selon lesquelles les moines blancs dénigraient Cluny. Avec l’Apologie, Bernard signa un chef-d’œuvre du genre polémique et fit montre d’une grande habileté rhétorique, d’une verve étourdissante et d’un emportement maîtrisé. Il commence par l’aveu désarmant de son admiration pour Cluny mais bien vite, alors qu’il fait mine de condamner les moines peu charitables qui, dans ses propres rangs, médisent de Cluny, il met dans leur bouche les arguments d’une défense qui dresse en réalité un sévère réquisitoire contre les aspects du monachisme clunisien les plus répréhensibles à ses yeux : l’excès de nourriture, de boissons et l’absurde délicatesse des mets ; les vêtements élaborés et onéreux et les couvre-lits précieux ; la pompe des abbés voyageant à l’étranger escortés de suites considérables ; l’immensité des églises de l’ordre et l’extravagance de leurs ornements. Autrement dit, il en ressort que Cluny n’était fidèle ni à la lettre ni à l’esprit de la Règle bénédictine.

Naturellement, on aurait tort de prendre pour argent comptant la description que donne Bernard de la vie clunisienne. On l’a considérée, à juste titre, comme une caricature. Au contraire, Pierre le Vénérable dresse un portrait plus sobre et plus global des cisterciens dans une célèbre lettre où il réfute les récriminations de ses détracteurs. Il ne fait aucune référence à l’Apologie et l’on ne sait pas bien s’il a écrit avant ou après Bernard. Mais il témoigne également d’une grande connaissance de l’art rhétorique des Anciens. Il adopte le même procédé classique consistant en premier lieu à feindre d’être du côté de l’adversaire pour exposer l’accusation avant de s’atteler à sa réfutation.

Mais, étrangement, la lettre de Pierre donne plus de poids aux accusations de ses adversaires qu’à sa défense. La plupart de ses réponses admettent tacitement les reproches qui lui sont adressés et les récusent par des plaidoiries spécieuses. Par exemple, Cluny est accusé d’avoir pratiquement abandonné le noviciat en autorisant les postulants à prendre l’habit dans des délais extrêmement courts, ce à quoi Pierre répond en évoquant l’appel du Christ à ses disciples :

“Quand le Seigneur leur dit “Venez à ma suite”, stipula-t-il qu’ils dussent différer leur conversion d’une année ? Devons-nous obéir à la règle de saint Benoît au mépris de l’Évangile ?”

En réponse à l’accusation adressée à Cluny d’avoir abandonné le travail manuel prescrit par la règle, il invoque l’intention sous-jacente du commandement de Benoît qui souhaitait prévenir les dangers de l’oisiveté. Les moines clunisiens, argumente-t-il, satisfont à l’esprit de l’injonction de Benoît par d’autres types de travaux – par la prière, la lecture et une psalmodie étendue :

“Les travaux des champs sont-ils les seuls qui agréent à Dieu ? Si les travaux physiques eussent remporté la faveur divine, Marie (modèle de la contemplation) ne fût pas restée assise aux pieds du Seigneur à l’écouter, tandis que sa sœur Marthe s’occupait du service.”

D’autres accusations font l’objet de défenses aussi peu convaincantes.

La spéciosité de ces arguments n’est que plus frappante à la lumière de la perspicacité et de la clarté avec laquelle Pierre expose le point de vue de l’opposition. Il a quelque chose d’un avocat malheureux qui émet de sérieux doutes quant à l’honnêteté de son propre client. La raison de ce malaise patent n’est pas difficile à déceler. À la tête de l’empire clunisien, il se devait d’en défendre la réputation. Mais, au fond de lui, et malgré son humanisme, c’était un homme de la nouvelle ère monastique. Il comprenait le vent de renouveau qui soufflait sur la suffisance du monde monastique. Il appréciait la vie érémitique, admirait la Chartreuse et sympathisait avec les idéaux ascétiques des réformateurs. » (p. 237-240)

Quels autres ouvrages liés, de notre catalogue, recommanderiez-vous à nos lecteurs intéressés par les sources ou les études complémentaires sur la question ?

N.F. – Un certain nombre de sources citées dans l’ouvrage font l’objet d’une édition aux Belles Lettres. C’est par exemple le cas de l’Histoire des Francs de Grégoire de Tours ou de l’Histoire ecclésiastique du peuple anglais de Bède le Vénérable. Signalons aussi le volume sur la Fondation de l’Université de Paris 1200-1260, paru tout récemment, qui explicite le contexte de la création des premiers studia des frères mendiants dans le Paris du XIIIe siècle.

Dans un tout autre genre, pour qui s’intéresse à l’histoire médiévale et à la vie quotidienne durant cette période, on peut recommander le livre d’Adeline Rucquoi, Mille fois à Compostelle, sur le pèlerinage à Saint-Jacques au Moyen-Âge, le livre de Frances et Joseph Gies, La Vie dans un château médiéval ou le dernier livre de la médiéviste Chiara Frugoni, Vivre en famille au Moyen Âge, sur la naissance et l’éducation des enfants au Moyen-Âge.

Propos recueillis par Paméla Ramos pour Les Belles Lettres, Paris, 8 février 2018.


  • C.H. Lawrence, Le monachisme médiéval. Formes de vie religieuse en Europe occidentale au Moyen Âge [1984, 2015], traduit de l’anglais par Nicolas Filicic [2018]
  • 432 pages. Index, Bibliographie, 12 illustrations en noir et blanc
  • Livre broché. 15 x 21 cm. Composé et imprimé en France (label Imprim’Vert)
  • Parution : 09/02/2018
  • EAN13 : 9782251447797
  • 27 € en librairie ou sur notre site internet
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