Bibliothèque secrète : la collection des sources sur la magie, l’alchimie et l’astrologie

L’histoire des « arts secrets » – magie, alchimie, astrologie – ne relève pas seulement de la curiosité ou de la crédulité des amateurs d’ésotérisme : elle mérite d’être prise au sérieux. Longtemps abordés principalement sous l’angle du folklore ou de l’histoire des mentalités, ces domaines ont pourtant constitué pendant des siècles une part importante de la culture savante. Chacune dans son registre propre, la magie, l’alchimie et l’astrologie ont constamment donné lieu à des disputes acharnées quant à leur légitimité et à leur efficacité, mettant aux prises les praticiens, les partisans enthousiastes ou modérés, les détracteurs et les dubitatifs. 

La connaissance de ces doctrines et de ces débats présente un grand intérêt pour l’histoire des sciences et de la philosophie, l’histoire littéraire ou l’histoire de l’art. Leur compréhension est toutefois brouillée par les interprétations prétendument « traditionnelles », reproduites sans relâche dans des ouvrages largement diffusés, alors que les textes eux-mêmes font rarement l’objet d’éditions critiques, et lorsque celles-ci existent elles sont rarement assorties d’une traduction française.

La collection entend combler cette lacune en proposant des éditions fiables, reposant sur une solide érudition philologique et historique tout en étant accessibles à un public non spécialisé. Elle comprend aussi bien des œuvres classiques que des textes inédits.

Collection dirigée par Jean-Marc Mandosio.

Bibliothèque secrete interieur

Jacques Lefèvre d’Étaples. La Magie naturelle / De Magia naturali. Livre I : L’influence des astres

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Édité, traduit et présenté par Jean-Marc Mandosio

Le traité en six livres sur la magie naturelle écrit dans les années 1490 par le philosophe et théologien français Jacques Lefèvre d’Étaples († 1537) est ici publié et traduit pour la première fois. Élaboré à une époque où la magie et l’astrologie étaient interdites en France, cet ouvrage n’était pas destiné à être publié. L’auteur n’en mentionna jamais l’existence, et il ne fut découvert qu’au début du XXe siècle.

Fortement inspirée par les idées de Marsile Ficin et de Jean Pic de la Mirandole, la magie dont il est ici question tourne le dos aux invocations des esprits et ne recourt qu’aux « productions occultes de la Nature ». Elle s’appuie sur l’influence des astres, elle-même déterminée par le pouvoir des nombres émanant de la divinité. Le livre I décrit en détail comment « la force du ciel entraîne à sa suite les choses inférieures ». Il traite principalement de la médecine astrale, en indiquant les animaux, les plantes et les minéraux bénéfiques ou néfastes correspondant à l’influence de chaque planète, ainsi que leurs sympathies et antipathies. Aux vertus bienfaisantes de Jupiter et de Vénus s’opposent les ravages provoqués par Saturne, Mars ou la Lune.

Lefèvre n’hésite pas à proclamer que « le nom de la magie est saint et vénérable entre tous, car elle exhorte à fuir tout ce qui est mauvais, à attirer et à aimer tout ce qui est bon » ; à telle enseigne que Moïse, tout comme Pythagore et Platon, alla s’instruire chez les Chaldéens, et que les premiers adorateurs du Christ, comme le dit l’Évangile, furent les mages venus de l’Orient.

La publication de ce traité jette une lumière inattendue sur un auteur que l’on connaît davantage pour ses commentaires d’Aristote et ses traductions de la Bible en français que pour ses incursions dans le périlleux domaine de la philosophie occulte.

Chez les Chaldéens, les mages correspondaient à peu près à ceux que les Grecs appelaient philosophes. Ce qui les distingue semble être que les philosophes s’adonnent à la contemplation et à la spéculation plus qu’ils ne se consacrent à mettre à l’épreuve les effets secrets de la philosophie ; les mages, en revanche, essaient les merveilles de la nature, de telle sorte que l’ancienne magie des Chaldéens semble bien n’avoir rien été d’autre qu’une certaine discipline pratique accomplissant la philosophie naturelle par des opérations.

Écouter la suite de cet extrait, lu par la comédienne Elodie Huber :

  • Jacques Lefèvre d’Étaples, La Magie naturelle / De Magia naturali. Livre I : L’influence des astres, traduit et présenté par Jean-Marc Mandosio
  • CII + 386 pages. Index, Bibliographie
  • Livre broché, couverture à rabats
  • 12.5 x 19.2 cm
  • Bilingue Français, Latin
  • Bibliothèque secrète N°1
  • Parution : 09/11/2018
  • EAN13 : 9782251448763
  • 29 € en librairie dès le 9 novembre 2018 ou sur notre site internet
  • Feuilleter un extrait au format

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Henri de Montfaucon de Villars, Le Comte de Gabalis ou Entretiens sur les sciences secrètes

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Édité et présenté par Didier Kahn

Le Comte de Gabalis, publié en 1670, est un petit chef d’œuvre d’ironie et de malice. Divisé en cinq dialogues, il met en scène un profane et un initié. Le profane est le type même de l’« honnête homme » des comédies de Molière ; l’initié est un « cabaliste » (d’où son nom, Gabalis) venu des confins de l’Allemagne et de la Pologne. Ce personnage cherche à convaincre son interlocuteur de l’existence d’« esprits élémentaires », habitant les quatre éléments : les gnomes (esprits de la terre), les nymphes (esprits de l’eau), les sylphes (esprits de l’air) et les salamandres (esprits du feu). Il explique que le plus haut devoir des adeptes de la « sainte cabale » est de s’unir charnellement à ces esprits pour leur conférer l’immortalité, car ils n’ont pas d’âme. Loin d’être séduit par ces révélations – tirées en réalité des idées de Paracelse – son interlocuteur, qui est bon catholique, ne voit dans ces esprits que des démons, et le comte lui paraît fort avancé sur la voie de la perdition. Tout au long de cette satire de la crédulité et des superstitions, des questions plus philosophiques sont aussi abordées, comme celle de la croyance aux oracles.

L’ouvrage de Montfaucon de Villars (1638-1673), paru anonymement, eut un grand succès, mais il fut aussitôt interdit et coûta à l’auteur sa carrière d’homme de lettres. Sa postérité fut marquée par un phénomène étonnant : alors que son but était manifestement de se moquer des héritiers de Paracelse, beaucoup de lecteurs le prirent au sérieux, comme s’il révélait de réels secrets sous le voile d’un divertissement.

Devant Dieu soit l’âme de Monsieur le Comte de Gabalis, que l’on vient de m’écrire qui est mort d’apoplexie. Messieurs les curieux ne manqueront pas de dire que ce genre de mort est ordinaire à ceux qui ménagent mal les secrets des Sages, et que depuis que le bienheureux Raymond Lulle en a prononcé l’arrêt dans son testament, un Ange exécuteur n’a jamais manqué de tordre promptement le col à tous ceux qui ont indiscrètement révélé les Mystères philosophiques.

Écouter la suite de cet extrait, lu par le comédien Pierre-François Garel :

  • Henri de Montfaucon de Villars, Le Comte de Gabalis ou Entretiens sur les sciences secrètes, édité et présenté par Didier Kahn
  • VIII + 118 pages. Bibliographie, Index
  • Livre broché, couverture à rabats
  • 12.6 x 19.4 cm
  • Bibliothèque secrète N°2
  • Parution : 09/11/2018
  • EAN13 : 9782251448756
  • 25,90 € en librairie dès le 9 novembre 2018 ou sur notre site internet.
  • Feuilleter un extrait au format

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