Aujourd’hui 8 avril est le jour de la fête des fleurs au Japon. L’occasion de relire deux extraits du Japon d’Edo de François et Mieko Macé :
Hana matsuri
La fête des fleurs, appellation commune de la cérémonie bouddhique célébrant la naissance du bouddha, Kanbutsu.e, le 8e jour du 4e mois. Pour les laïcs, il s’agit de verser du thé sucré, amacha, sur une statuette représentant le bouddha à sa naissance, placée dans un pavillon décoré de fleurs. (page 141)
L’Horticulture
À partir de l’extrême fin du XVIIe siècle, l’horticulture figure parmi les loisirs favoris des citadins, en particulier des marchands, au fur et à mesure de leur ascension sociale. La première fleur qu’on puisse mentionner est le chrysanthème, kiku. Introduit de Chine au Japon durant l’époque de Heian, il a donc déjà une longue histoire au moment de sa diffusion chez les roturiers des villes.
La vogue des beaux chrysanthèmes remonte à l’ère Genroku (1688-1704). À partir des années 1710, à Kyôto, Ôsaka et Edo, les amateurs de cette fleur commencèrent à se réunir en sociétés amicales. Ces associations organisaient des expositions. De nos jours encore, le mois de novembre voit éclore les concours de chrysanthèmes de toutes tailles, formes et couleurs. En Europe, une espèce orientale de chrysanthème est mentionnée pour la première fois en 1688 en Hollande. Toutefois le véritable engouement pour les grandes fleurs de chrysanthèmes d’origine orientale ne redémarra en France qu’en 1789.
La deuxième fleur qui passionna les Japonais fut le volubilis, asagao, lui aussi introduit de Chine au cours du VIIIe siècle en tant que plante médicinale. Sa culture sur une large échelle commença à l’extrême fin du XVIIIe siècle. Il connut, durant les ères Bunka-Bunsei (1810-1830), une première faveur qui toucha toutes les couches sociales, des grands daimyô jusqu’aux simples roturiers, phénomène comparable à la folie des tulipes en Hollande au XVIIe siècle. La demande suscita la recherche de nouvelles espèces par sélections et croisements.
L’aboutissement fut la création, dans les années 1840 et 1850, de nombreuses espèces nouvelles. Cet engouement pour le volubilis peut surprendre. Il s’explique en partie par l’instabilité relative de la morphologie des feuilles, des fleurs et des coloris. Les simples amateurs pouvaient arriver à créer eux-mêmes de nouvelles feuilles ou de nouvelles couleurs dans des combinaisons extraordinaires. On appréciait également, surtout dans les zones urbaines, les volubilis donnant des fleurs de grande taille comme pour le chrysanthème. (page 233)

Volubilis et rainette
Série dite des « Grandes Fleurs »
Hokusai Katsushika (1760-1849), vers 1830-1834. Crédits BNF, ne figure pas dans l’ouvrage cité.
Le Japon d’Edo, de François et Mieko Macé, Guides Belles Lettres des Civilisations, 2006, 2e tirage, 320 pages, 17,30 €.
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