Une histoire du monde en 100 objets de Neil MacGregor : une approche révolutionnaire

 

Acclamé lors de sa parution en Grande-Bretagne en 2010, le livre-événement de Neil MacGregor, ancien directeur du British Museum, est traduit pour la première fois en France par Pascale Haas.

 

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Presse anglophone

Partant de l’Afrique il y a deux millions d’années, le livre nous emporte jusqu’à l’aube du XXIe siècle, dans un voyage à perdre haleine à travers l’histoire mondiale. Nous évitons les destinations trop touristiques et revenons comblés.
Sunday Times

*

Un triomphe : acclamé par les lecteurs et vanté à raison comme l’une des initiatives intellectuellement les plus efficaces et les plus ambitieuses dans l’écriture de l’“histoire publique” de ces dernières décennies.
Sunday Telegraph

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Un livre magnifique et captivant, une histoire visuelle de l’humanité… rempli d’objets tout aussi fascinants, certains célèbres, d’autres pas, presque tous intimes, évocateurs et étranges.
The New York Times


Bande-annonce du livre


Préface de Neil MacGregor

Raconter l’histoire à travers des objets, c’est à cela que servent les musées. Et puisque, en plus de 250 ans, le British Museum a collecté des objets venant de tous les continents, ce n’est pas un si mauvais endroit par où commencer si l’on décide de les utiliser pour raconter une histoire du monde. C’est d’ailleurs ce que s’efforce de faire le musée depuis sa fondation par le Parlement en 1753, en stipulant qu’il devrait « viser à l’universalité » et être gratuit pour tous.
Ce livre reprend une série d’émissions diffusées en 2010 sur la B.B.C. Radio 4, mais il est aussi la dernière itération de ce que le musée a fait, ou tenté de faire, depuis son ouverture.

Les règles du jeu d’Une Histoire du Monde en 100 objets qu’a établies Mark Damazer, contrôleur à Radio 4, étaient très simples. Des conservateurs du British Museum et des producteurs de la B.B.C. choisiraient dans les collections du musée 100 objets qui datent du début de l’histoire de l’humanité, en commençant il y a environ deux millions d’années et en remontant jusqu’à aujourd’hui. Ces objets devraient couvrir le monde entier, si possible de façon équitable. Ils essaieraient d’aborder autant d’aspects de l’expérience humaine que cela s’avérerait possible, et de nous parler de l’ensemble des sociétés, pas seulement des riches et des puissantes. Nécessairement, ils réuniraient d’humbles objets de la vie quotidienne aussi bien que de grandes œuvres d’art. Étant donné que cinq émissions seraient diffusées chaque semaine, on rassemblerait ces objets par groupes de cinq, de façon à raconter le monde à différentes périodes et à étudier cinq instantanés de ce monde à travers des objets créés à telle ou telle date. Et puisque les collections du British Museum embrassent l’ensemble du monde et que la B.B.C. diffuse partout sur la planète, on inviterait des experts et des commentateurs du monde entier à participer au projet. Bien entendu, ce ne serait qu’« une » histoire du monde, mais qui essaierait d’être une histoire à laquelle le monde a dans une certaine mesure contribué. (Pour des raisons de droits d’auteur, entre autres, les propos des divers contributeurs sont restitués ici tels qu’ils ont été prononcés à la radio.)

Outre que ce projet paraissait à maints égards impossible, un de ses aspects en particulier a suscité un très vif débat. Tous ces objets seraient présentés non pas à la télévision mais à la radio. Les auditeurs devraient les imaginer, ils ne les verraient pas. Au début, l’équipe du musée, habituée à examiner les choses de très près, a été quelque peu décontenancée à cette idée, cependant nos partenaires de la B.B.C. se sont montrés confiants. Ils savaient qu’imaginer une chose revient à se l’approprier d’une façon très singulière, que chaque auditeur ferait de l’objet en question le sien en se fabriquant sa propre histoire. Pour ceux qui auraient besoin de les voir et ne pourraient pas se rendre au British Museum, des photos de tous les objets ont été accessibles sur le site « A History of the World in 100 Objects » tout au long de l’année 2010, et ils sont désormais reproduits dans les superbes illustrations de ce livre.

Neil MacGregor, 2010


Parcours illustré d’extraits parmi les 100 objets présentés dans le livre

PREMIÈRE PARTIE
Ce qui fait de nous des humains

1 Momie d’Hornedjitef
2 Chopper (hachoir) d’Olduvai

3 Biface d’Olduvai 

Vous préférez écouter la description de ce biface ? C’est par ici :


4 Rennes nageurs
5 Pointe de lance du peuple de Clovis

DEUXIÈME PARTIE
Après la période glaciaire : l’alimentation et le sexe

6 Pilon en forme d’oiseau
7 Figurine des amants de Ain Sakhri
8 Maquette de vaches en argile égyptienne
9 Statue de dieu du maïs maya
10 Marmite jomon

TROISIÈME PARTIE
Premières cités, premiers États

11 Étiquette de sandale du roi Den
12 L’étendard d’Ur
13 Sceau de l’Indus
14 Hache en jade
15 Tablette d’écriture

QUATRIÈME PARTIE
Les commencements de la science et de la littérature

16 Tablette du Déluge 

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Tablette d’écriture en argile de Ninive (près de Mossoul), nord de l’Irak | 700 – 600 av. J.-C.

L’histoire biblique de l’arche de Noé et du grand déluge fait tellement partie de notre langue que n’importe quel enfant anglais peut vous dire que les animaux y sont montés deux par deux. Cependant, le récit d’un grand déluge est une histoire qui dans de nombreuses sociétés est très antérieure à celle de la Bible. Ce qui soulève une grande question : nous connaissons le Déluge parce que quelqu’un en a écrit l’histoire il y a longtemps, mais à quel moment l’idée même d’écrire une histoire est-elle apparue ?

Les habitants du quartier de Bloomsbury passent souvent au British Museum. Il y a un peu plus de 140 ans, l’un d’eux, un visiteur régulier à l’heure du déjeuner, avait pour nom George Smith. Apprenti dans une imprimerie à quelques pas du musée, il s’était pris d’une fascination pour la collection de tablettes mésopotamiennes en argile. Sa passion pour ces objets était telle qu’il a appris à lire l’écriture cunéiforme des inscriptions qui y sont gravées et a fini par devenir l’un des principaux experts du cunéiforme de son époque. En 1872, Smith a étudié une tablette originaire de Ninive (dans l’actuel Irak), et c’est justement à celle-ci que nous allons nous intéresser.  (page 129)

17 Papyrus de Rhind
18 Sauteur de taureau minoen
19 Cape en or de Mold
20 Statue de Ramsès II

CINQUIÈME PARTIE
Ancien monde, nouveaux pouvoirs
21 Bas-reliefs de Lakish
22 Sphinx de Taharqa
23 Récipient rituel Zhou
24 Textile de Paracas
25 Pièce en or de Crésus

SIXIÈME PARTIE
Le monde au temps de Confucius

26 Maquette de chariot de l’Oxus
27 Sculpture du Parthénon : Centaure et Lapithe
28 Pichets de Basse-Yutz
29 Masque en pierre olmèque
30 Cloche en bronze chinoise

SEPTIÈME PARTIE
Les bâtisseurs d’empires

31 Pièce à l’effigie d’Alexandre
32 Pilier d’Ashoka
33 Pierre de Rosette
34 Coupe en laque de la Chine Han
35 Tête d’Auguste

HUITIÈME PARTIE
Plaisirs anciens, épices modernes

36 Coupe Warren

37 Pipe loutre d’Amérique du Nord

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Pipe en pierre, de Mound City, Ohio, États-Unis | 200 av. J.-C. – 100 ap. J.-C.

Le British Museum peut démontrer que les sociétés changent de point de vue sur de multiples sujets, pas seulement sur celui du sexe. Nous avons ici un objet qui après avoir eu jadis une immense signification sociale est désormais quasiment banni de tous les lieux publics : la pipe à tabac. Le fait de fumer, avec les plaisirs et les dangers que cela comporte, a une longue histoire, et cette pipe montre que cela se faisait beaucoup il y a 2 000 ans en Amérique du Nord.

Elle a plus ou moins la taille et la forme d’un kazoo, et elle ne ressemble pas à une pipe moderne avec un long tuyau et un fourneau au bout. Taillée dans une pierre rouge, la base plate mesure environ 10 centimètres de long et a presque exactement la couleur et la taille d’un biscuit au chocolat. L’une des extrémités est percée d’un petit trou qu’on met dans la bouche. Le fourneau est au milieu, mais ce n’est pas une simple cavité pour mettre le tabac ; il a la forme du haut du corps d’une loutre en train de nager qui pose ses pattes sur le bord d’une rivière, comme si elle venait de sortir de l’eau pour jeter un coup d’œil alentour. La pierre, lisse, évoque magnifiquement la fourrure humide de l’animal. La loutre regarde le bout de la pipe de telle façon que, quand on fume, le fumeur et la loutre se regardent dans les yeux. (page 285)

38 Ceinturon cérémoniel de jeu de balle
39 Rouleau des admonitions
40 Poivrière

NEUVIÈME PARTIE
L’essor des croyances dans le monde

41 Bouddha assis de Gandhara
42 Pièces en or de Kumaragupta Ier
43 Plat à l’effigie de Shapur II
44 Mosaïque de Hinton St Mary
45 Main en bronze arabe

DIXIÈME PARTIE
La route de la soie et au-delà

46 Pièces en or d’Abd al-Malik
47 Casque de Sutton Hoo
48 Poterie de guerrier mochica
49 Tuile coréenne
50 Peinture de la Princesse de la soie

ONZIÈME PARTIE
À l’intérieur du palais : secrets de cour

51 Bas-relief maya de la saignée royale
52 Fragments d’une fresque de harem
53 Cristal de Lothaire
54 Statue de Tara
55 Figurines funéraires de la Chine Tang

DOUZIÈME PARTIE
Pèlerins, aventuriers et commerçants

56 Trésor de la vallée de York
57 Gobelet d’Hedwige
58 Miroir en bronze japonais
59 Tête de Bouddha de Borobudur
60 Tessons de Kilwa

TREIZIÈME PARTIE
Symboles de prestige

61 Les pièces du jeu d’échecs de Lewis

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Pièces d’échecs en ivoire de morse et dents de baleine, fabriquées probablement en Norvège, trouvées sur l’île de Lewis, Écosse | 1 150 – 1 200

En 1972, le monde a été tenu en haleine par l’une des grandes batailles de la guerre froide. Il s’agit d’une partie d’échecs qui a eu lieu en Islande et opposait l’Américain Bobby Fischer au Russe Boris Spassky.

À l’époque, Fischer a déclaré : « Les échecs, c’est la guerre sur un plateau », et à ce moment de l’histoire, c’était assurément le cas. Du reste, ça l’a toujours été ; si tous les jeux sont dans une certaine mesure des substituts de la violence et de la guerre, aucun ne peut se comparer autant que les échecs à la mise en scène d’une bataille. Deux armées adverses s’alignent pour avancer sur l’échiquier, les pions fantassins devant, les officiers derrière. Tout jeu d’échecs représente une société en guerre ; que celle-ci soit indienne, moyen-orientale ou européenne, la façon dont on nomme et façonne les pièces nous apprend quantités de choses sur le fonctionnement de cette société. Or, aucune pièce de jeu d’échecs n’offre des informations plus intéressantes que les soixante-dix-huit pièces mélangées qui ont été trouvées sur l’île de Lewis, dans l’archipel des Hébrides, en 1931, et qu’on appelle depuis les pièces du jeu d’échecs de Lewis. (page 463)
62 Astrolabe hébreu
63 Tête d’Ife
64 Vases de David
65 Siège rituel taïno

QUATORZIÈME PARTIE
À la rencontre des dieux
66 Reliquaire de la Sainte Épine
67 Icône du Triomphe de l’orthodoxie
68 Sculpture de Shiva et de Parvati
69 Sculpture de déesse huaxtèque
70 Statue de l’île de Pâques Hoa Hakananai’a

QUINZIÈME PARTIE
Au seuil du monde moderne

71 Tughra de Soliman le Magnifique
72 Billet de banque Ming

73 Lama en or inca

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Figurine en or, Pérou | 1 400 – 1 550

Il y a 500 ans, l’empire des Incas était plus vaste que la Turquie ottomane, plus vaste que la Chine des Ming – en réalité, c’était l’empire le plus vaste du monde. À son apogée, vers l’an 1500, il s’étendait sur plus de 4 800 kilomètres le long de la cordillère des Andes et régnait sur plus de 12 millions de personnes, de la Colombie au Chili et de la côte Pacifique à la jungle amazonienne. Dans les années 1520, lorsque les Espagnols arriveront, tout s’effondrera, mais, jusqu’à cette date, l’Empire inca a été prospère. Bien qu’elle n’ait pas eu d’écriture, cette société militaire efficace était une civilisation organisée, productive et riche, dont le centre était Cuzco, au Pérou. Son économie reposait sur la main-d’œuvre et, tout aussi important, sur le lama – sur une force de travail humaine gigantesque et sur des centaines de milliers de lamas. Et cet empire a beau avoir été le plus grand de l’époque, c’est le plus petit objet qui le représente dans cette partie de notre histoire : un minuscule messager en or venu d’un monde où dominent les montagnes. (page 547)
74 Coupe dragon en jade
75 Le Rhinocéros de Dürer

SEIZIÈME PARTIE
La première économie globale
76 Galion mécanique
77 Plaque du Bénin : l’oba avec des Européens
78 Serpent à double tête
79 Éléphants de Kakiemon
80 Piastres d’argent ou pièces de huit

DIX-SEPTIÈME PARTIE
Tolérance et intolérance

81 Étendard de procession chiite
82 Miniature d’un prince moghol
83 Marionnette de Bhima
84 Carte d’un codex mexicain
85 Affiche du centenaire de la Réforme

DIX-HUITIÈME PARTIE
Exploration, exploitation et Siècle des Lumières

86 Tambour akan
87 Casque en plumes hawaïen
88 Carte en peau de daim d’Amérique du Nord
89 Bouclier en écorce australien
90 Bi en jade

DIX-NEUVIÈME PARTIE
Production de masse, persuasion de masse

91 Chronomètre de marine du H.M.S. Beagle
92 Service à thé victorien
93 La Grande Vague de Hokusai
94 Tambour à fente soudanais
95 Penny défiguré par les suffragettes

VINGTIÈME PARTIE
Le monde que l’on fabrique

96 Assiette révolutionnaire russe 

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[…] L’objet dont il est question dans ce chapitre est une assiette en porcelaine peinte qui célèbre la révolution russe et la nouvelle classe dirigeante. Dans des tons oranges, rouges, noirs et blancs, elle représente une usine révolutionnaire rayonnant d’énergie et de productivité, tandis que, au premier plan, un membre symbolique du prolétariat avance à grands pas vers le futur. Sept décennies de communisme sont sur le point de commencer.

Le XXe siècle a été dominé par les idéologies et la guerre : les deux guerres mondiales ; les luttes pour l’indépendance contre les puissances coloniales et les guerres civiles postcoloniales ; le fascisme en Europe, les dictatures militaires à travers le monde ; et la révolution en Russie. La grande bataille politique, qui a duré une bonne partie du siècle, s’est faite entre la démocratie libérale d’un côté et la direction étatique centrale de l’autre. En 1921, l’année où a été peinte cette assiette, les Bolcheviks avaient imposé à la Russie un nouveau système politique basé sur les théories de classes et d’économie marxistes, et s’apprêtaient à construire un nouveau monde. La tâche était herculéenne – le pays avait été platement vaincu lors la Première Guerre mondiale, et le nouveau régime était sous la menace d’une invasion étrangère et d’une guerre civile. Les Bolcheviks avaient besoin de motiver les ouvriers soviétiques et de les diriger par tous les moyens qu’ils avaient à leur disposition. Et l’un de ces moyens était l’art. (page 742)

97 In the Dull Village de David Hockney
98 Trône d’armes
99 Carte de crédit
100 Lampe et chargeur à énergie solaire


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MacGregor 3D

  • 862 pages. Index, bibliographie, 4 cartes, 160 illustrations couleurs
  • Livre broché, couverture à rabats. 13 x 20 cm
  • Parution : 19/09/2018
  • EAN13 : 9782251448350
  • 23,90 € en librairie ou sur notre site internet >

 

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