« Comment ai-je pu être communiste ? » Voyage au centre de l’œuvre d’Alain Besançon : Contagions, essais 1967-2015, extraits

« En lisant Alain Besançon nous nous décrassons des innombrables scories intellectuelles véhiculées par l’air du temps, par la culture médiatique ambiante. Nous fréquentons un esprit libre, généreux et intrépide, et nous n’osons croire à notre bonheur. » Wladimir Berelowitch et Françoise Thom, préface.

50 ans de recherches sur les idéologies qui ont marqué le XXe siècle, sur leur rejet du monde tel qu’il est et leur négation du libre arbitre, pour comprendre les égarements du monde occidental contemporain. Une œuvre cultivée, libre, d’une clarté et d’une élégance constantes, pour rétablir la distinction fondamentale entre foi et raison, pour éclaircir notre intelligence de l’histoire.

AVT_Alain-Besancon_4378Alain Besançon (né en 1932), membre de l’Institut, directeur d’études à l’EHESS, à l’Institut d’histoire sociale et à la Nouvelle Initiative Atlantique, est l’un des plus grands soviétologues de notre temps et un éminent spécialiste de l’histoire contemporaine des religions. Son parcours a été marqué par le journalisme : membre du comité de rédaction des Cahiers du monde russe depuis 1961, mais aussi de la revue Commentaire depuis 1986, il publie régulièrement des articles dans Le Figaro.

Le fil d’Ariane

(Extrait de la préface de Wladimir Berelowitch et Françoise Thom)

L’œuvre d’Alain Besançon est traversée par un fil d’Ariane et c’est lui que nous allons suivre maintenant afin d’éclaircir les principaux pôles de réflexion de ses écrits, la manière dont les problématiques s’enchaînent et s’organisent autour d’une intuition centrale au cœur de l’œuvre.

Comment ai-je pu être communiste ? Comment tant d’autres ont-ils pu l’être ? Comment le régime communiste, dont les effets désastreux étaient visibles dès les premières semaines, a-t-il pu se maintenir pendant tant d’années et entraîner tant de pays dans une descente aux enfers ? Par quels moyens ce régime a-t-il réussi à amputer l’homme de la raison et de la morale ? Pourquoi l’amnésie des crimes du communisme a-t-elle été aussi longue ? C’est à partir de ces interrogations qu’Alain Besançon entreprend l’enquête de sa vie dont le cours se dessine dans le présent volume. La variété des thèmes abordés, allant du communisme et du nazisme à l’évolution de l’Église catholique, de l’esthétique à la théologie, s’explique par la persévérance d’Alain Besançon à explorer les ramifications multiples d’une intuition fondamentale qui sous-tend le reste. Suivons-le dans sa démarche. Pour avoir été captif du communisme, Alain Besançon comprend que cette étrange fascination pour une doctrine dont les retombées criminelles étaient connues, même dans les années cinquante, tient d’abord à un dérèglement de l’intelligence. C’est ainsi qu’il va être amené à s’intéresser à l’idéologie marxiste-léniniste, dont il saisit, avant la plupart des « kremlinologues » professionnels, à la fois l’originalité et le rôle crucial dans le fonctionnement du régime communiste, rôle qu’a confirmé l’ouverture des archives après la chute de l’URSS. C’est en retraçant pas à pas la généalogie de l’idéologie marxiste-léniniste dans Les Origines intellectuelles du léninisme qu’Alain Besançon débouche sur l’intuition qui va guider son parcours d’historien et de philosophe. L’idéologie représente à ses yeux une résurgence moderne de la gnose comme attitude de pensée. Comme la gnose, elle met en avant la lutte de deux principes antagonistes. Elle partage avec la gnose le refus absolu du monde tel qu’il est, parce que ce monde est perçu comme mauvais, et la négation du libre arbitre devant un savoir qui s’impose comme une évidence. De ce monde déchu il est possible de s’extraire par une connaissance intégrale, à la fois du cosmos et de l’histoire, de la rédemption et des moyens du salut, à laquelle seuls des élus ont accès. L’attraction de la gnose tient à ce qu’elle apporte une explication totale, une vision centrale de laquelle découle un savoir unifié englobant tout. La différence entre la gnose ancienne et l’idéologie marxiste-léniniste tient à ce que la première reste en osmose avec la religion, tandis que la seconde se réclame de la science. Ce dernier trait caractérise l’idéologie à vocation totalitaire : le marxisme-léninisme prétend au statut de science pour avoir découvert les « lois » du développement des sociétés, le nazisme se réfère à une (fausse) biologie.

Mais pourquoi l’idéologie a-t-elle pu prendre le pouvoir en Russie ? C’est dans la matrice religieuse russe qu’Alain Besançon cherche la réponse. L’orthodoxie privilégie la célébration liturgique au détriment de l’éducation éthique et intellectuelle. Elle se concentre sur la mystique qui arrache le croyant de ce bas monde et le dispense de pratiquer les vertus terre à terre de l’honnête homme occidental. La tradition orthodoxe facilite la subordination du pouvoir spirituel au pouvoir temporel et l’émergence d’une Église nationale en Russie. Cependant la perte de prestige de l’Église orthodoxe après les réformes de Pierre le Grand qui l’asservissent et la décrédibilisent entraîne en Russie la vogue du piétisme, du sentimentalisme et d’un illuminisme ésotérique. Tout cela prépare l’engouement pour le romantisme allemand. À l’exemple des romantiques, les slavophiles russes stigmatiseront le « matérialisme » et le « rationalisme », indice selon eux de la décadence de l’Europe. Ils mépriseront la morale commune. Ils opposeront civilisation « intérieure » (en Russie) et civilisation « extérieure » (en Occident). Ils théoriseront le mépris du droit, reprochant à la tradition latine son juridisme, opposant au droit la « sobornost », la communauté dans l’amour chrétien spontané, spécifiquement russe. Un Dostoïevski se complaît à dépeindre des grands pécheurs, que leurs aspirations mystiques rendent supérieurs aux ternes Occidentaux pratiquant la modeste morale bourgeoise. Il confond le Christ avec le peuple russe désormais sacralisé. L’utopisme des slavophiles qui créent un peuple fictif, une communauté rurale imaginaire, une histoire falsifiée, fraie la voie à l’utopisme révolutionnaire. Slavophiles et bolcheviks sont apparentés par leur hostilité à l’économie marchande, au capitalisme, à l’argent. La régression dans l’émotionnel, la dévalorisation de la raison, l’habitude de l’adhésion au faux, acclimatées par les slavophiles, vont faciliter l’endoctrinement idéologique quelques années plus tard. L’impatience mystique prépare le terrain au raccourci léniniste vers la révolution. Dans les années 1860, les nihilistes russes vont élaborer le prototype de l’« Homme nouveau » qui reproduit certains traits du « parfait » de la gnose, détenteur du savoir salvateur, dégagé des scories de l’existence matérielle, exclusivement voué à l’eschatologie révolutionnaire.

Toutefois cet Homme nouveau rêvé par les nihilistes est matérialiste. Dans sa vision déterministe il n’y a aucune place pour la liberté humaine. Lénine fera de cet Homme nouveau son modèle. Son parti se cooptera parmi ces professionnels de la révolution, étrangers à la société civile, ne vivant que pour la destruction du monde ancien. Une fois la révolution accomplie, comme les choses ne tournent pas conformément aux prédictions de l’idéologie, Lénine et ses successeurs emploieront la violence et le mensonge pour forcer la société dans l’utopie. Il leur faudra toujours plus de pouvoir car c’est la nature humaine qu’ils ambitionnent de changer, tout en déclarant la guerre à la nature tout court. Ils finiront par détruire l’une et l’autre.

Alain Besançon insiste sur le cas russe car il rend visibles des égarements observables aussi dans le monde occidental, en les accusant et en montrant leurs conséquences lorsqu’ils sont portés aux extrêmes. […]

Contagions2


Contenu détaillé

Les dix essais contenus dans ce volume sont tous précédés d’une note écrite par leur auteur Alain Besançon, en 2018, pour la présente édition. Les voici ci-dessous :

LE TSARÉVITCH IMMOLÉ
La symbolique de la loi dans la culture russe (1967)

Il s’agit de mettre en valeur un thème symbolique qui revient ou se répète sur plusieurs plans. Le premier est celui de la relation à Dieu, telle qu’elle s’est fixée dans l’ancienne Russie. Le second est la relation au souverain, longue courbe dont ne sont examinés que les points de singularité et de renversement. Le troisième est la crise générale de l’ordre défini par ces relations, c’est-à-dire le XIXe siècle. On voit que les ennemis de cet ordre n’échappaient pas à la loi qu’ils voulaient détruire et que les plus grands des écrivains russes non seulement retrouvaient cette loi en eux-mêmes, alors qu’elle périssait autour d’eux, mais en redécouvraient la lettre et l’esprit dans l’histoire de leur pays, qui en est ainsi rétrospectivement éclairée. Si bien qu’avant sa chute, en 1917, l’ancienne culture russe aura eu le temps de se récapituler, de dresser son inventaire et de nommer ce qui allait la faire mourir. […] page 29

COURT TRAITÉ DE SOVIÉTOLOGIE – Préface de Raymond Aron
à l’usage des autorités civiles, militaires et religieuses (1976)

Depuis quelques années, Soviétiques — aujourd’hui Russes — et Occidentaux se félicitent de la détente. Beaucoup craignent qu’on en revienne bientôt à la guerre froide. Ces expressions n’ont pas le même sens pour les uns et pour les autres. Pour le Kremlin, ce sont deux lignes politiques applicables aussi bien en politique intérieure qu’en politique extérieure. Ce sont deux tactiques au sein d’une stratégie offensive permanente et la plus conquérante n’est pas forcément celle qu’on pense. Je veux démonter les équivoques et les paralogismes qui rendent la politique de l’URSS si difficile à comprendre, même pour ceux qui s’y appliquent. J’esquisse une description d’ensemble du phénomène soviétique. Écrit il y a quarante ans, le lecteur jugera si ce petit livre est encore éclairant alors que le communisme s’est évanoui et que l’État russe a radicalement renouvelé sa devanture. Mutatis mutandis, il me semble que oui. Car l’État russe est toujours là. (Page 217)

LES ORIGINES INTELLECTUELLES DU LÉNINISME (1977)

Le régime soviétique qui a duré de 1917 à 1990, plus de deux générations, a-t-il été une innovation radicale dans l’histoire politique ? Comment l’idéologie léniniste a-t-elle pu être le tout, car elle imprime sa forme à toute chose, et le rien, car elle peut être résumée en quelques lignes ?

Le léninisme n’est pas une philosophie. Il n’est pas non plus une religion. Il s’apparente au gnosticisme, dans la tradition duquel il refuse de se placer parce qu’il se prétend « scientifique ». Il n’est pas non plus la simple continuation du « despotisme russe ».

Les racines du léninisme sont occidentales, mais c’est en Russie, à la faveur de circonstances exceptionnelles, qu’il a réalisé le type pur de l’idéologie et qu’il a pris le pouvoir.

À travers une certaine tradition religieuse, une éducation philosophique, la crise d’un Ancien Régime, la formation d’une intelligentsia, on assiste à la mise en place progressive du léninisme qui a su puiser à maintes sources du XIXe siècle positiviste, en exploitant la crise très profonde de la Première Guerre mondiale. (Page 297)

ANATOMIE D’UN SPECTRE
L’économie politique du socialisme réel (1981)

« Un spectre hante l’Europe, le communisme… », écrivait Karl Marx en 1848. Le spectre a fait d’impressionnantes conquêtes depuis, mais s’est-il incarné ? Et si c’était son incapacité à se trouver un corps qui expliquait les particularités de son économie ?

Dans la Russie soviétique est apparu un système économique de type nouveau qui naît justement de ce que le socialisme n’existe pas. Pendant soixante-dix ans le regard des observateurs a été désorienté par cette espèce de mirage flottant entre l’échec lamentable et la réussite miraculeuse.

L’erreur vient de notre invincible tendance à supposer que les finalités de l’économie soviétique sont les nôtres. Non pas le développement, la justice sociale, la prospérité, mais la puissance militaire, et la « construction du socialisme ». Cela n’empêche pas ce système économique d’être aux yeux de Céline « une catastrophe qui végète ».

Aujourd’hui le socialisme est officiellement mort. Le secteur « hors socialisme », qui a toujours existé à l’état comprimé, s’est immensément enflé. Ses acteurs sont devenus les « oligarques » qui se sont emparés du secteur « socialiste » et ont fondé une économie de type maffieux. (Page 561)

LA FALSIFICATION DU BIEN
Soloviev et Orwell (1985)

Nul ne sait si le XXe siècle est pire que les autres, mais le mal y a pris des formes et des dimensions qui ont étonné. Deux hommes ont réfléchi sur le mal moderne et l’ont considéré attentivement tout en gardant une âme innocente et un cœur pur. Le premier, Vladimir Soloviev, philosophe russe peu connu en France, a estimé que la source de ce mal se trouvait dans un dévoiement de la religion et son comble dans la perversion (ou la falsification) de l’idée du bien.

Le second, illustre écrivain anglais, a voulu non sans risque de désespoir, percer la nature de cet amour du mal pour le mal dont il craint le triomphe imminent. Tous deux redoutent un malheur historique proche et tous deux recourent au genre littéraire apocalyptique.

Ils célèbrent la bonté du monde quotidien et ordinaire. Cela justifie leur réunion dans cet essai, malgré les différences de leur identité, de leurs expériences et de leurs conclusions. (Page 644)

LE MALHEUR DU SIÈCLE
Sur le communisme le nazisme et l’unicité de la Shoah (1998)

Le XXe siècle a été traversé par le communisme et le nazisme. L’un tombe dans l’oubli tandis que le souvenir de l’autre brûle dans un feu perpétuel. Cette inégalité dans la mémoire demande explication.

Il faut comparer les deux systèmes dans ce qu’ils ont de comparable. La comparaison porte sur la destruction dont ils sont la cause : celle des hommes dans leur corps, leur intelligence, leur moralité, leur vie sociale et politique. Par d’autres aspects ils sont incomparables.

L’étalon est le crime le plus extrême : la destruction des Juifs d’Europe.

Le recours à la théologie s’impose d’autant plus naturellement que la plupart des grands témoins ont crié vers le Ciel.

Alors se pose la question lancinante de l’unicité de la Shoah. Je l’admets sans réserve, même si je doute que l’on puisse s’accorder sur une interprétation unique de cette unicité. (Page 789)

TROIS TENTATIONS DANS L’ÉGLISE (1996)

« La religion et le gouvernement politique, écrivait Bossuet, les deux points sur lesquels roulent les affaires humaines. »
Elles ne roulent bien que si ces deux gonds sont ajustés avec exactitude. Depuis la Révolution française, ni l’Église catholique ni le gouvernement politique n’ont trouvé en théorie ou en pratique un accord qui satisfasse les deux parties. Longtemps l’Église en France, violemment « désétablie » s’opposa de front au Nouveau Régime, c’est-à-dire à la démocratie représentative et libérale, ce qui la conduisit à des compromissions malheureuses. La tentation antidémocratique occupe le XIXe siècle.

Mais voici que se présente une nouvelle tentation. Ralliée au XXe siècle à la démocratie l’Église n’y trouve pas de terrain solide, mais d’inquiétants sables mouvants. S’y enfoncer complètement, se rallier sans critique à la démocratie absolue, voire au populisme progressiste, serait une deuxième tentation. Mais voici qu’en France l’Église se trouve confrontée à la question de l’islam. Or un coup d’œil sur le passé montre qu’une Église désorientée glisse sans même s’en apercevoir vers cette autre religion. Antidémocratie, démocratie, islam, telles seraient les trois tentations à l’œuvre dans l’Église moderne. Elle n’y résiste que moyennant un sérieux effort d’intelligence. (Page 877)

SAINTE RUSSIE (2012)

On dit Sainte Russie, on ne dit pas sainte France ou sainte Italie. On dit aussi la Russie éternelle, alors qu’elle n’est pas si ancienne et qu’elle a beaucoup changé. À propos de sa littérature et de sa musique, revient souvent l’expression l’âme russe. On lui attribue aussi la qualité de mystique.
Ces clichés ont une histoire. Pour en retrouver l’origine il faut remonter à des orientations religieuses très anciennes, byzantines pour la plupart. En pénétrant en Russie elles ont subi des métamorphoses. L’État russe a voulu se définir par elles, ou bien les rejeter quand il a voulu rejoindre l’Europe. Au XIXe siècle la réaction slavophile invente un nationalisme religieux qui féconde une grande littérature. Les contre-courants libéraux et révolutionnaires conservent ce qui peut justifier l’exceptionnalisme russe.
Les Français ont admiré ou détesté la Russie pour les motifs les plus opposés. Pour sa religion, son antireligion, sa barbarie, ses réalisations, son conservatisme, sa capacité révolutionnaire. Nous l’avons aimée ou haïe d’un amour de tête ou d’un amour de cœur, en projetant sur elle les passions françaises, sans avoir pris la peine de la connaître comme elle est vraiment. Il y a au moins deux interprétations de l’histoire russe, selon qu’on prend au sérieux les deux visages contrastés qu’elle présente d’elle-même. (page 1040)

LE PROTESTANTISME AMÉRICAIN
De Calvin à Billy Graham (2013)

Les États-Unis sont la plus puissante nation du monde, et, parmi celles d’Occident, l’une des plus religieuses. Cette nation est fondamentalement protestante. Toutes les versions de la Réforme sont arrivées dans les bateaux des premiers émigrants. Catholiques et juifs sont venus plus tard.
Calvinistes, luthériens, baptistes, méthodistes, et autres confessions, ont réussi à coexister pacifiquement, alors qu’elles s’égorgeaient avant de quitter l’Europe. Cependant, malgré la multiplication des Églises et la scissiparité des sectes, la foi protestante est restée stable dans son noyau depuis les Pères pèlerins jusqu’à Billy Graham et aux télévangélistes contemporains.
Je me suis intéressé aux doctrines plus qu’aux événements de l’histoire, ce qui m’a demandé de revenir en Europe et de remonter plus haut que la naissance des États- Unis, parce que les doctrines étaient déjà toutes formées avant le départ du May Flower. Un peu de théologie est donc nécessaire pour comprendre et aimer les États- Unis dans leur esprit et dans leur cœur. (Page 1223)

PROBLÈMES RELIGIEUX CONTEMPORAINS (2015)

On signale partout la résurgence des préoccupations religieuses. Cela est indiscutable du judaïsme, et, différemment, de l’islam qui s’affirme en France chaque année plus nettement. Le christianisme, dans sa version catholique, était aux termes du Concordat signé par Napoléon Bonaparte « la religion de la majorité des Français ». Ce n’est plus vrai et, à première vue, la religion catholique est en chute libre.
Ces religions savent-elles encore ce qu’elles sont ? Quel sens donnent-elles à leur orthodoxie ? J’entends par ce mot le point central, garanti par les textes sacrés et l’opinion des docteurs, où chaque religion se manifeste à elle-même dans sa cohérence et sa particulière originalité. Mon intention est de ne pas m’écarter de cette orthodoxie, même quand je suis le plus critique.
Dans quelle mesure les religions ont-elles gardé la capacité d’appréhender le réel ? Ailleurs j’ai traité de l’orthodoxie russe et du protestantisme. Dans cet essai j’aborde le catholicisme romain. Comment a-t-il compris les grands événements contemporains, le communisme léniniste, l’islam ? Aux porches des cathédrales, souvent la Synagogue est représentée par une femme portant sur les yeux un bandeau. L’Église, parfois, ne s’est-elle pas mise sur les yeux un bandeau ?
Cet essai contient aussi une conjecture sur le mariage des prêtres séculiers, et une méditation sur l’enfer à travers les âges.
Ces questions sont sérieuses et l’homme contemporain a le devoir de se les poser. J’ai essayé de les traiter en historien. (Page 1249)

Postface d’Alain Besançon – Index nominum


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  • Alain Besançon, Contagions. Essais 1967-2015, préface de Wladimir Berelowitch et Françoise Thom, Les Belles Lettres, 2018
  • 1488 pages. Index, Bibliographie
  • Livre broché, couverture à rabats. 17 x 24 cm
  • Parution : 16/03/2018
  • EAN13 : 9782251447742
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