Les trois Matins du monde de Jean-Pierre Otte réunis en un seul volume

Nouvellement paru dans la collection Vérité des mythes, ce volume réunit Les Aubes sauvages, Les Aubes enchantées et Les Naissances de la femme comme autant de Matins de monde, précédemment publiés en trois tomes dans les années 1990.
Pendant une douzaine d’années, Jean-Pierre Otte s’est attaché à rassembler les mythes premiers du cercle Arctique, des deux Amériques, de l’Afrique noire, de l’Océanie et de l’Australie de l’« Ère du rêve » pour les restituer dans une langue au service de l’intuition et de l’enchantement.

Rendus magnifiquement, ces matins du monde ont été choisis pour être représentatifs des grands courants cosmogoniques, lesquels ne sont peut-être, malgré leurs différences, ou plutôt grâce à elles, que la diversité fabuleuse et fertile d’une unité foncière inscrite au plus profond de la mémoire du monde et de la nôtre.

AVT_Jean-Pierre-Otte_1631Jean-Pierre Otte, né en 1949, vit dans le Lot depuis plus de trente ans. Il est l’’auteur d’une quarantaine d’ouvrages ayant trait aux mythologies de l’origine, aux rituels amoureux du monde animal (L’amour au jardin, La sexualité d’un plateau de fruits de mer) et aux événements de la vie personnelle au bénéfice du plaisir d’exister (Petite tribu de femmes, Un camp retranché en France, Un cercle de lecteurs autour d’une poêlée de châtaignes).

Entrée en la matière

Extraits tirés des pages 15 à 25

Tous courants confondus, ces mythes de l’origine et de la création exercent sur l’esprit et les sens une attraction immédiate et invitent à la réflexion dans la résonance. Comme si, au profond de nous-mêmes, dans cette ombre sur laquelle nous n’avons presque aucune prise, nous étions porteurs de messages mystérieux qu’il nous appartient de décrypter, d’interpréter, ou au contraire de laisser retentir au cœur même de nos sentiments et de nos pensées.

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C’est seulement en laissant ces mythes de l’origine nous imprégner l’esprit, et en écoutant ce qu’ils provoquent dans le cœur, dans la mémoire et dans l’âme, que l’on peut les partager sans les amoindrir. L’important n’est pas ce que l’on en dit ou en démontre, en les livrant à tous les scalpels possibles — freudien, jungien, archétypal, structural… —, mais ce qu’ils disent à travers leurs déliements les plus inventifs — et cela, on ne peut l’éprouver qu’à part soi.
Quand elle s’attaque aux mythes, il nous semble que la structure, pourvue de tous ses instruments précis, pratique une progressive autopsie sur une matière qui, à nos yeux, n’a rien perdu de sa vivacité. Sa préoccupation majeure est d’établir comment on évolue ou comment on s’organise, mais jamais elle ne s’aventure dans la source d’ombre qui continue de décliner nos existences. Elle ne s’efforce pas d’attribuer un sens à l’homme, mais au contraire de l’en déposséder. Selon l’aveu même de Claude Lévi-Strauss, « le but des sciences sociales n’est pas de constituer l’homme, mais de le dissoudre ».
On l’aura compris, nous avons opté ici pour un tour littéraire radicalement différent, et qui nous semble mieux s’accorder, en la respectant, à la nature inventive du mythe. Cette matière des commencements nous paraît en même temps relever de la littérature qui en est issue. Notre tâche fut donc, à l’inverse, d’amplifier le sens, d’affermir les formes, d’exhaler les couleurs, et de mettre en évidence, sans l’interpréter, les variations de ce que l’on pourrait nommer le contenu métaphysique, philosophique ou moral des mythes de l’origine.

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Il s’agissait de faire saillir des reliefs, de contraster les clartés et les ombres, d’apporter des nuances, d’approfondir des contours psychologiques, d’éclairer les enchaînements, de confondre les versions, de rapprocher des visions fragmentées, enfin d’accorder tous les tons, en cernant toujours de plus en plus près « le passage de la sensation spontanée à la perception de l’esprit ».

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L’important, en ce qui nous concerne, n’est peut-être pas de percer le mystère, mais de vivre en lui et par lui, de le rendre plus présent, ou de nous rendre plus présent par rapport à lui.

Les Naissances de la femme : Océanie

L’univers est la cavité d’une vaste noix de coco dont le liquide, en se répandant, est devenu la mer, agitée graduellement par le flux et le relfux, l’oscillation des vagues, creux et crêtes, rires d’écume à perte d’horizon.
La terre a différents étages et le ciel, vaste voûte de pierre bleue, contient une série de ciels dans la sphère.
À l’endroit où se joignaient presque les bords de la coque de coco, résidait un démon femelle, Varima-te-ta-kere, « Premier Commencement », qui ne devait sa naissance qu’à elle-même. Elle avait une chair de limon, par laquelle toute vie advint. Plus tard, elle fut dépecée, tranchée, découpée, partagée, chair éclatée de toutes les réalités du monde qui restent cependant contiguës les unes aux autres…

La suite du chapitre à feuilleter au format :

Intérieur-Otte

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