Le Cerf, une symbolique chrétienne et musulmane : le guide sacré et sacrifié

Animal guide, roi des forêts, le cerf est vénéré et chassé depuis des millénaires. Son sacrifice nourrit et protège les hommes après une poursuite qui lance le chasseur sur les chemins de la conversion. Dans le christianisme comme l’islam, il est la monture des saints et conduit des peuples entiers vers les terres que les dieux leur destinaient. Symbole de longévité et de résurrection, le cerf méritait un ouvrage à la hauteur de la fascination qu’il exerce : beau, profond et éclairé.

Ses auteurs Jean-Pierre Laurant et Thierry Zarcone ont brillamment relevé le défi et livré un travail qui séduira autant les chercheurs et amateurs d’histoire des religions que d’histoire de l’art, dont le cinéma ou les séries qui utilisent régulièrement cette métaphore majestueuse.

Nous sommes heureux de le publier aujourd’hui et de vous en présenter quelques mystères.

Un mot sur l’objet-livre

Le-cerf-objet-livre

Composé et imprimé en France tout en couleur sur papier couché et en cahiers cousus, cet ouvrage bénéficie du label Imprim’Vert et de la certification PEFC (issu de forêts gérées durablement et de sources contrôlées).

Quelques vues :

Un mot sur les auteurs

AVT_Jean-Pierre-Laurant_8285Jean-Pierre LAURANT, historien français, a enseigné à l’École pratique des hautes études (section des sciences religieuses). Il est membre associé au Groupe Sociétés Religions Laïcités. Spécialiste de René Guénon et des courants ésotériques, en particulier de l’ésotérisme chrétien en France aux XIXe et XXe siècles, il a contribué à de nombreuses revues et dirige la rédaction de Politica Hermetica. Parmi ses ouvrages publiés citons René Guénon (dir. Cahiers de l’Herne, 1985) et Le Regard ésotérique (2001).

s200_thierry.zarconeThierry Zarcone, historien et anthropologue français est directeur de recherches au Centre National de la Recherche Scientifique à Paris (Groupe Sociétés Religions Laïcité). Spécialiste de l’islam et des systèmes de pensée dans l’aire turco-persane, il est l’auteur de plusieurs livres et de nombreux articles sur le sujet et, en particulier, sur l’histoire du soufisme et du chamanisme. Parmi ses ouvrages publiés citons Mystiques, philosophes et francs-maçons en Islam (1993) et Secret et Sociétés secrètes en islam (2002).

Le cerf incontournable des chrétiens et des musulmans

Extraits de l’introduction et de la conclusion de l’ouvrage. Les notes présentes en fin de volume ont été ici retirées.

Aujourd’hui comme hier, le cerf a toujours occupé dans l’imaginaire des hommes une place sans commune mesure avec l’espace qu’il colonise. Le monde biblique fournit le meilleur exemple de cette situation : il multiplie au fil des siècles des commentaires dont le nombre contraste avec la rareté de l’animal sur le terrain dans le monde méditerranéen et la pauvreté des références dans le livre source. L’urbanisation massive des sociétés contemporaines n’y fait rien ou peu. S’il partage avec le lion ou l’aigle la position de figure emblématique universelle, il possède une particularité unique : il sert de passeur. Le cerf est, en effet, un grand communiquant, familier des sphères célestes dont il assure la liaison avec ici-bas, comme il assure la terre des hommes de celle avec l’au-delà. Il a aussi accès au monde souterrain, présent dans les légendes celtiques comme dans les récits des Indiens Wixaritari du Mexique, ou encore dans le chamanisme sibérien où sa ramure dessine la carte d’accès au monde invisible. Il veille sur les morts dans les tombes chinoises quinze siècles avant Jésus-Christ ou parfois sur les vivants contre le retour des âmes en pointant ses andouillers vers le défunt. […]

Le but de cet ouvrage n’est pas d’étudier le cerf dans tous ses états, nourricier, guérisseur, pourvoyeur d’objets ménagers, de vêtements ou d’armes, ni même d’analyser l’universalité de ses fonctions symboliques. Il s’agit de mettre en lumière un certain nombre de traits porteurs de sens autour de la notion de passage et propres à cet étonnant métissage culturel qui a fait du cerf le grand nourricier de l’imaginaire de peuples aussi différents que les Européens christianisés ou les turcophones d’Asie centrale, de religion zoroastrienne, chamanique ou nestorienne, qui épousent graduellement l’islam. S’il se limite au monde de culture abrahamique (judaïsme, christianisme, islam), il ne s’interdit pas de jeter un regard sur les croisements avec des cultures étrangères, celle du chamanisme principalement, dont certains éléments ont pénétré, ici, le christianisme dans l’espace celte, là, l’islam turc anatolien. Le cerf des chrétiens et des musulmans de ces régions est donc incontournable : il porte les marques et les mythes de l’ancienne foi, il montre le croisement du culte des esprits et du régime de la rédemption, de la déité à la ramure et du Christ-cerf. Les « chanoines savants » de la renaissance chrétienne au XIXe siècle ne s’y sont pas trompés dans leur lutte contre l’esprit des Lumières en faisant massivement appel aux Bestiaires médiévaux, abondamment réédités, pour tenter de redonner vie aux rapports subtils entretenus entre les mondes par une approche symbolique : il fallait revenir sur la conception de l’animal-machine, expulsé du domaine du sacré qui, à la suite de Descartes, s’était progressivement imposée. (Pages 6-14)

*

C’est par la chasse […] que le cerf se révèle de la meilleure manière dans ses fonctions de guide, d’animal psychopompe, de convertisseur ou d’initiateur. La chasse peut être divine ou spirituelle lorsque le cerf, véhicule du Christ ou des maîtres soufis, accomplit des miracles et qu’il révèle les mystères de la religion. Le chasseur devient alors le chassé. Mais la chasse peut être malheureuse ou « sauvage », si le chasseur ne respecte pas une certaine éthique qui veut que l’homme se respecte lui- même par la maîtrise de ses passions autant qu’il respecte sa proie, sa femelle gravide et son faon. Que l’on songe à l’issue dramatique de la chasse du prince caucasien Biyginer ou à la chasse sans cesse recommencée du roi Arthur. Symbole de l’immortalité, de la vie qui l’emporte sur la mort, de la renaissance, de la résurrection, le cerf est l’une des sources vives du sacré, entendu comme expérience mystique de la mort. Son image est protectrice, sa chair possède des vertus thérapeutiques comme le lait de sa femelle, ses bois comme ses crocs sont des talismans et des porte-bonheur, des habits rituels sont taillés dans sa peau. Il est un sacré vénéré, aimé… mais chassé et mangé… (Page 179)

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Le Cerf couverture à plat

Sommaire

I. Sacralité du cerf
II. Le cerf, le saint chrétien et le soufi
III. Chasse qui sauve, chasse qui perd
Sommaire détaillé >>

  • Le Cerf. Une symbolique chrétienne et musulmane, de Thierry Zarcone et Jean-Pierre Laurant [inédit, 2017]
  • 256 pages. Bibliographie, index, 57 illustrations couleurs
  • Livre broché. 13.5 x 21 cm
  • Parution : 14/11/2017
  • EAN13 : 9782251447391
  • 26,50 € en librairie ou sur le site internet des Belles Lettres

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