Jérôme Perrier rassemble et présente la subtile pensée politique d’Alain

La première biographie politique d’Émile Chartier (1868-1951), plus connu sous le pseudonyme d’Alain, entend redonner à ce « Montaigne requis par la politique » la place majeure et singulière qui lui revient dans l’histoire des idées : celle d’un penseur citoyen, d’un libéral de gauche compagnon de route du radicalisme, dont l’anti-étatisme, l’individualisme démocratique et le rationalisme laïque entrent en résonance profonde avec les préoccupations contemporaines.


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Les Belles Lettres, 2014. Voir >>

Les Belles Lettres avaient déjà publié en 2014 Lettres aux deux amies : le philosophe avait en effet préféré le front de la Première Guerre Mondiale à l’insupportable vie civile où il ne pouvait que compter ses anciens élèves, « [s]es braves petits, presque tous tués ».

Adressée à deux proches amies – ou amantes ? -, cette correspondance au ton badin livre d’abord un témoignage plein de sensibilité sur le quotidien des poilus. Une légèreté qui n’exclut pas des réflexions fines sur le pouvoir, sur le courage face aux passions et sur le rôle de ces dernières dans le déclenchement des guerres. Philosophie Magazine, septembre 2014.


Aujourd’hui, Jérôme Perrier, agrégé et docteur en histoire, ayant enseigné à Sciences Po Paris et à l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, fait paraître le résultat d’un vaste travail inédit de recollement d’une pensée – pas aussi simple qu’elle ne paraît –  disséminée en milliers de textes épars : Alain s’est attelé à la question politique soucieux d’être compris du plus grand nombre, avec une clarté et une profondeur qui l’inscrivent dans la tradition des meilleurs moralistes français.

« Il ne faut d’ailleurs pas se méprendre sur l’importance qu’Alain accorde à la politique ; une place dont l’appréciation ne saurait être uniquement quantitative, cela va de soi. En réalité, le penseur la mettait au rang des choses ennuyeuses dont il faut pourtant s’occuper. Car si l’homme était sage, s’il était un pur esprit (et non pas une âme prisonnière d’un corps et donc toujours en proie aux passions les plus vives), les problèmes politiques n’auraient au fond pas grande importance. En un sens, peu importe le régime, tant qu’il ne conduit pas à la guerre, et donne à l’homme la possibilité de se consacrer tranquillement aux nobles choses de l’esprit, qui sont infiniment supérieures à la triviale politique. Sauf qu’il n’en est rien, puisque depuis la nuit des temps l’être humain est en proie à la guerre et à la violence ; et qu’il ne peut espérer se consacrer aux tâches spirituelles que pour autant que le monde dans lequel il vit lui en laisse le loisir. Si bien que pour Alain, la politique se consacre au fond à l’aspect négatif et bas de l’humanité, c’est-à-dire à cet ordre remuant des passions, qu’il faut néanmoins bien prendre en considération, fût-ce à contrecœur. Ce qui veut dire aussi que la politique telle qu’il l’entend n’est pas une branche technique du savoir, qui viendrait s’ajouter à une vaste entreprise d’érudition visant une connaissance encyclopédique des sociétés, disséquées sous tous leurs angles. » Extrait de l’introduction, page 12.

La guerre, ou le pouvoir à nu

Nous vous proposons de lire le chapitre III – La guerre, ou le pouvoir à nu, pages 139-156, donné intégralement au lien ci-dessous.

En réalité, la pensée d’Alain n’est pas née de la guerre, et si l’expérience des tranchées a nécessairement laissé en lui « de grandes traces » , elle n’a « pas beaucoup changé le développement de [s]es idées ». De fait, une comparaison minutieuse des textes rédigés avant et après le conflit démontre qu’au final, l’expérience du front, loin d’infirmer ou d’infléchir sensiblement sa réflexion, n’a fait que confirmer des idées ancrées en lui de longue date, confortant ainsi une doctrine déjà solidement établie. Une doctrine pacifiste et antimilitariste qui restera constante tout au long de sa vie, y compris durant les années 1930 et 1940, où le contexte politique sera pourtant très différent. Lire la suite >>


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