Rutilius Namatianus, Retour en Gaule : extraits d’un voyage illustré

Illustrée en cahier central par huit métaphores astrales correspondant aux aubes qui scandent le récit de Rutilius, la belle traduction de Jules Vessereau (achevée par François Préchac) du De reditu suo est de nouveau disponible… pour le plaisir du lecteur.

La Gaule étant aux prises avec les Barbares, ce païen mélancolique et polémique quitte à grand regret Rome pour tenter d’apporter secours à sa terre natale. Ce court voyage par la mer lui donne l’occasion de dresser un portrait poétique, contrasté, des côtes, et plus largement, de l’état de l’Empire en ces temps incertains.

L’édition critique bilingue de référence est aujourd’hui celle d’Étienne Wolff (avec la collaboration de Serge Lancel et de Joëlle Soler), parue en 2007 à la CUF.

L’introduction et la traduction de Jules Vessereau de 1933 (achevées par François Préchac) étaient, elles, devenues introuvables depuis  l’incendie de nos entrepôts en 2002. Sous un format poche avec rabats, illustré et à prix modeste, nous avons tenu à les rendre à nouveau accessibles au lecteur.

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Extraits

Les villes peuvent mourir

Contre nous se lève Borée ; mais nous aussi, l’aviron en main, nous nous dressons avec ardeur contre lui, quand le jour éclipse les astres. Tout près de nous Populonia ouvre son rivage sûr, là où une baie naturelle se creuse dans les terres. Ici point de phare élevant dans les airs une construction massive et attirant les regards par un nocturne flambeau ; mais les anciens ont choisi comme poste d’observation un puissant rocher et à l’endroit où la cime escarpée domine et repousse le flot vaincu, ils ont fondé pour l’homme un château à deux fins : pour défendre la terre et pour envoyer des signaux en mer. On ne peut plus reconnaître les monuments des âges passés ; le temps, qui dévore tout, a détruit les murs grandioses. Il ne reste que des vestiges, une ligne de remparts effondrés çà et là ; sous de vastes décombres les toits gisent ensevelis. Ne nous indignons pas si les corps des mortels ont une fin : des exemples nous font voir que les villes peuvent mourir.

Quelle est cette rage stupide de cervelles à l’envers ?

Comme nous avançons dans la haute mer, voici que surgit Capraria, île repoussante toute remplie de ces hommes qui fuient la lumière. Eux-mêmes ils se donnent le nom grec de moines, parce qu’ils veulent vivre seuls, sans témoin. Ils redoutent les faveurs de la fortune, tout en en craignant les revers. Se peut-il qu’on se rende volontairement malheureux, par peur de le devenir ? Quelle est cette rage stupide de cervelles à l’envers ? À force de craindre les disgrâces, ne pouvoir souffrir non plus le bonheur ! Peut-être s’infligent-ils, vrais forçats, le châtiment qu’ils méritent par leurs crimes ; peut-être leur sombre cœur est-il gonflé d’un fiel noir. Ainsi un morbide excès de bile est la cause assignée par Homère aux désespoirs de Bellérophon ; car ce jeune homme ayant senti les traits d’une douleur cruelle était malade, lorsqu’il prit en haine, dit-on, le genre humain.

Vues

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Rutiliuscouverture

  • XXXII (introduction) + 72 pages (traduction française du latin)
  • Index, notes, légendes, 8 illustration(s) couleurs en cahier central
  • Livre broché avec rabats
  • 12 x 19.5 cm
  • Parution : 19/05/2017
  • 9782251446837
  • 15 € : commander sur notre site

 

 

 

 

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