Extrait de L’Art d’aimer d’Ovide, nouvellement traduit par Olivier Sers et recueilli dans le volume De l’amour paru en mai 2016 aux Belles Lettres.
Édition bilingue, textes établis par Henri Bornecque, émendés, présentés et traduits par Olivier Sers, suivis d’un index des noms propres.
Livre III, 433-465
Fuyez le bellâtre étalant sa toilette
Et sa coiffure à la stricte ordonnance.
Ce qu’il vous dit à vous, il l’a dit à mille autres,
Son amour flotte et jamais ne se fixe,
Que faire contre lui, plus femme que vous, femmes,
Lui qui a peut-être plus d’amants que vous ?
Incroyable mais vrai, Troie fût restée debout
En s’appliquant les conseils de Priam !
Certains ne font que feindre, et sous couleur d’aimer
S’insinuant, visent un gain honteux.
Défiez-vous de ces cheveux brillants de nard,
De ces souliers aux languettes serrées,
N’en crois pas cette toge au tissu extra-fin,
Ni ces anneaux chargeant doigt après doigt,
Le plus chic de la bande est un voleur, qui sait,
Ta garde-robe est l’objet de sa flamme.
Rends-moi mon bien ! crient maintes belles dépouillées,
Rends-moi mon bien ! beugle en choeur le Forum.
De son temple au mille ors Vénus voit ses procès
Sans plus d’émoi que ses nymphes Appaires.
Puis, certains sont si décriés qu’à ses victimes
Souvent s’étend l’opprobre de l’amant !
Par les malheurs d’autrui sachez craindre le vôtre,
Fermez toujours votre porte aux escrocs,
Ne croyez pas Thésée jurant, ô Cécropides,
Il s’est déjà parjuré face aux dieux,
Et toi, Démophoon, son fils en perfidie,
Phyllis trompée, nulle ne te croit plus !
S’ils vous promettent ferme, usez des mêmes termes,
S’ils ont tenu, livrez les faveurs dues.
Elle éteindrait les feux éternels de Vesta,
Pourrait piller, Isis, tes temples saints,
Donner à son mari ciguë et aconit,
Celle, payée, qui ne fait pas l’amour.
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