Extrait du volume Ovide – De l’amour, comprenant Les Amours, L’Art d’aimer et Les Remèdes à l’amour dans leur texte latin original et dans une traduction nouvelle d’Oliviers Sers. Paru en mai 2016 :
Les Remèdes à l’amour
Si donc elle a recours à ta jeune vigueur,
Quand vient la nuit promise à ta maîtresse,
Pour ne pas, trop dispos, t’éprendre à la voir jouir,
Je veux qu’avant, dans le corps de quelque autre,
Qui tu veux, tu aies pris un plaisir préalable :
Celui d’après sera plus paresseux.
[Qui se retient jouit mieux, l’hiver le soleil plaît,
L’ombre l’été, l’eau réjouit l’assoiffé.]
J’en rougis, mais voici : Choisis la position
Qui la fait voir sous son jour le plus laid.
Tu n’auras pas de mal, peu s’avouent leurs défauts,
Pour elles rien ne les désavantage.
Autre conseil, fais-lui grand ouvrir les fenêtres,
À la clarté du jour note ses tares,
Puis, dès que du plaisir tu atteindras la borne,
Quand, dégoûté, las de corps et d’esprit,
On voudrait ne jamais avoir touché de femmes
Et de longtemps pense n’en plus toucher,
Repasse en ton esprit tous ses défauts physiques,
Et tiens toujours tes yeux fixés sur eux.
Broutilles, dira-t-on, oui, mais, sans force seules,
Leur addition fait un puissant remède.
Extrait des pages 354 et 355.