Principes essentiels pour éduquer les jeunes gens (extrait)

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Isabelle Sancho présentera sa traduction du Kyongmong yogyol (Principes essentiels pour éduquer les jeunes gens) le 14 mars 2016 à la Maison de la Chine.

À cette occasion, nous vous présentons l’intégralité du chapitre 2 de cet ouvrage majeur de la tradition confucéenne coréenne, paru aux Belles Lettres en 2011 dans la collection « Bibliothèque Chinoise » (édition bilingue) :

 

Se débarrasser de ses vieilles habitudes

1. Malgré un réel désir d’étudier, l’homme échoue parfois à aller courageusement de l’avant afin d’accomplir quelque chose, tant il est vaincu par la force de ses vieilles habitudes. Ces mauvaises habitudes se déclinent comme suit. À défaut d’une forte détermination pour les éradiquer, on finit par se retrouver dépourvu de tout champ d’action où doit se porter l’étude.

2. La première consiste à relâcher son esprit et sa détermination en négligeant ses manières et son maintien, et à ne penser qu’à s’amuser et prendre du bon temps en ayant une profonde aversion pour toute forme de contrainte.

La deuxième consiste à rechercher constamment à s’agiter en ne sachant pas se tenir tranquille, et à virevolter çà et là en passant ses journées à deviser.

La troisième consiste à ne priser que ce qui est familier pour rejeter l’inhabituel, en se soumettant aux usages courants, et à laisser s’amenuiser tout désir d’amélioration par crainte de paraître extravagant aux yeux du commun.

La quatrième consiste à se comprendre à briguer les honneurs de son temps grâce à la composition littéraire, et à taillader dans les Classiques et leurs commentaires des oripeaux destinés à des effets de style superficiels.

La cinquième consiste à faire de l’art de l’écriture et de la correspondance son labeur, et de belle musique et vins fins son occupation, et à épuiser ainsi ses années dans une vie de jouissance insouciante en se prétendant d’un raffinement extrême.

La sixième consiste à prendre plaisir à réunir des oisifs pour des parties d’échecs ou de dames, et à passer ses journées entières le ventre plein, avec le jeu pour unique souci.

La septième consiste à envier la richesse en ayant horreur de la pauvreté, et à considérer que mauvais vêtement et mauvaise pitance sont choses profondément honteuses.

La huitième consiste à souffrir d’appétits et de désirs immodérés au point d’être incapable de s’en départir et de les maîtriser, et à trouver aux richesses, aux profits, à la musique et aux femmes un goût de sucre.

Voici quelques exemples qui montrent combien nos habitudes, qu’il serait difficile d’énumérer en totalité, sont nocives pour l’esprit, le cœur. De telles habitudes font que les hommes manquent de détermination et de fermeté et agissent avec légèreté et inconsistance. Il est difficile de défaire demain ce qu’on fait aujourd’hui et on finit par refaire le soir ce qu’on a regretté le matin même.

Il faut donc déployer une détermination farouche qui, telle une hâche, est capable de couper dans un seul et même geste les racines et le tronc d’un arbre. Il faut ensuite laver à grande eau le terreau de notre cœur de manière à ce que n’y subsiste pas la moindre radicelle. Puis il faut à tout instant redoubler d’effort dans l’examen de soi afin que le cœur demeure exempt de tout résidu susceptible de le maculer. Ce n’est qu’après cela qu’on sera à même de traiter de l’art et de la manière de progresser en matière d’étude.

 

Extrait des pages 14 à 16.

 

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