Sébastien Rongier est romancier et essayiste, agrégé de lettres, docteur en esthétique, membre du collectif remue.net. Derniers ouvrages parus : Cinématière (2015), 78 (2015).
Vous êtes une chouette. Sur quelles branches spécifiques du savoir vous posez-vous le plus naturellement ?
Sébastien Rongier – La première branche que je visite naturellement est celle de la littérature. Mais comme les arbres sont faits de multiples branches, il n’y a qu’un pas pour aller vers la philosophie, la philosophie de l’art, l’esthétique, mais aussi l’anthropologie ou l’histoire. C’est dans l’entrelacs de ces branches que j’essaye de circuler. Théorie des fantômes en témoigne de facto.
Quel texte de l’Antiquité vous a particulièrement frappé, et pourquoi ?
S. R. – Les premiers textes antiques qui m’ont frappé sont liés aux rencontres scolaires, ou universitaires. Je citerai d’abord le théâtre de Sophocle, à commencer par les deux pièces Œdipe roi et Œdipe à Colone. Je dois également à l’université la rencontre avec Les Métamorphoses (L’Ane d’or) d’Apulée qui reste une grande découverte.
À quoi ressemble votre bibliothèque ?
S. R. – Ma bibliothèque est une tension constante entre la place restreinte et l’accueil nécessaire aux livres à venir. Mais ma bibliothèque n’est pas seulement constituée par l’ensemble des livres que l’on peut trouver chez moi. Ma bibliothèque, ce sont aussi les bibliothèques publiques que je peux fréquenter et dans lesquelles je travaille, ou les librairies dans lesquels je peux découvrir des livres. C’est aussi l’ensemble des textes que je peux avoir dans mon ordinateur ou consulter en ligne. Ma bibliothèque est donc un espace multiple et infini, comme les livres et l’écriture en quelque sorte.
Quelles autres passions inavouées côtoient votre amour des livres ?
S. R. – Je n’ai hélas pas de passions inavouées. Elles sont toutes avouables à commencer par le cinéma et l’art contemporain. Ce qui doit sans doute être inavouable, c’est la volonté de relier et d’articuler ensemble ces passions.
Choisissez une découverte qui vous a marqué durant vos lectures, que vous souhaiteriez délivrer au reste du monde :
S. R. – J’aime découvrir les manières dont les mythes sont réécrits, redéployés dans toutes formes artistiques, comment, par exemple, le mythe d’Orphée (et d’Eurydice) continue de provoquer des formes artistiques (des romans contemporains de Claudio Magris ou Frédéric Boyer à la danse avec Pina Bausch, en passant par le cinéma avec Cocteau ou Resnais).
Remontons le temps. Vous pouvez choisir une date et un lieu à visiter à votre convenance, où partez-vous ?
S. R. –Je me permettrai deux sauts dans le temps, l’un d’eux étant assez modeste. Le premier saut dans le temps et l’espace serait d’aller à Florence vers 1301-1302 et de suivre Dante, de son bannissement de la ville à l’écriture de La Divine comédie.
Le second saut, en contraste, serait d’aller boulevard du Montparnasse dans les années 1920 pour vérifier si ces années étaient si folles que cela.
Vous pouvez dans l’heure acquérir les compétences nécessaires pour exercer un tout autre métier, sans rapport avec le livre. Que choisissez-vous ?
S. R. – Je dirai monteur au cinéma, ou pâtissier.
Quel livre de notre catalogue, en dehors de votre domaine privilégié, vous donne envie de vous y plonger ?
S. R. – Je citerai deux livres, un que je connais, un autre que je voudrais bientôt découvrir. Celui que je connais est la réédition par Les Belles Lettres / Encre marine du livre de Georges Buraud Les Masques, réflexion absolument passionnante sur les masques africains, et livre magnifique. Le second livre publié aux Belles Lettres que j’ai hâte de découvrir est le volume Romans grecs et latins, livre-continent que me semble rempli de promesses heureuses.
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